(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF, daté du 10 juillet 2000 : Quatre professionnels des médias otages sur l’île de Jolo Reporters sans frontières exprime sa profonde inquiétude après qu’une équipe de la chaîne de télévision publique France 2, a été prise en otage, ce qui porte à quatre le nombre de […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF, daté du 10 juillet 2000 :
Quatre professionnels des médias otages sur l’île de Jolo
Reporters sans frontières exprime sa profonde inquiétude après qu’une équipe de la chaîne de télévision publique France 2, a été prise en otage, ce qui porte à quatre le nombre de professionnels de la presse détenus sur l’île de Jolo, au sud des Philippines. Au moins vingt-trois journalistes ont été retenus en otages, depuis le début du mois de mai, par les rebelles philippins.
Au 10 juillet 2000, la direction de France 2 a confirmé que Maryse Burgot, Jean-Jacques Le Garrec et Roland Madura, respectivement grand reporter, cameraman et preneur de son de la chaîne de télévision, sont retenus en otages par des séparatistes musulmans sous la direction du commandant Robot. Ils étaient partis la veille dans la jungle de l’île de Jolo afin d’interviewer Galib Andang, l’un des chefs du groupe rebelle Abu Sayyaf. Les journalistes, accompagnés d’un frère de ce commandant, avaient décidé d’aller à la rencontre des séparatistes musulmans qui retiennent, depuis le 23 avril 2000, vingt otages de nationalités étrangères, dont deux Français. Selon l’Agence France-Presse, les rebelles demanderaient une rançon contre la libération de l’équipe de France 2.
La capture des trois Français porte à quatre le nombre de professionnels de la presse retenus en otages sur l’île de Jolo. En effet, le 2 juillet dernier, Andreas Lorenz, correspondant à Pékin de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, a été enlevé alors qu’il tentait d’entrer en contact avec des membres du groupe Abu Sayyaf. L’un des négociateurs a indiqué que le reporter pourrait être libéré le 11 juillet. Une partie de la rançon exigée aurait déjà été versée. Les ravisseurs se sont également engagés auprès du gouverneur de la province, Abdusakur Tan, à ce que le journaliste allemand soit rapidement libéré. Andreas Lorenz avait déjà été enlevé par le groupe Abu Sayyaf, à la fin du mois de mai, en compagnie de neuf confrères (cf. infra).
Depuis la capture, le 23 avril, d’une vingtaine de touristes occidentaux sur une île malaisienne, le groupe Abu Sayyaf a mené une politique de harcèlement et de racket vis-à-vis des journalistes occidentaux qui tentent de couvrir cet événement. Les autorités philippines ont recommandé aux journalistes de ne pas se rendre dans le périmètre de sécurité établi autour des camps d’Abu Sayyaf. Ce groupe disposerait actuellement de mille cinq cents recrues.
Déjà, le 13 mai dernier, un groupe de neuf journalistes européens, huit Français et une Norvégienne, avaient été retenus en otages pendant plus de vingt-quatre heures par un « groupe autonome » opérant dans la jungle de l’île de Jolo. Ils avaient été rackettés par les ravisseurs et contraints de verser une rançon.
Le 30 mai, dix journalistes, sept Allemands, un Français, un Australien et un Danois, avaient également été pris en otages alors qu’ils suivaient un convoi sanitaire du gouvernement qui se rendait dans le camp où sont détenus les touristes occidentaux. Quatre journalistes avaient été contraints de regagner la ville de Jolo et réunir la somme de 25 000 euros, sous la menace de voir leurs six confrères décapités. Ces derniers ont finalement été libérés le lendemain après avoir été dépouillés de leur argent liquide, téléphones satellitaires, montres, chaussures, par les hommes du commandant Robot, l’un des cinq chefs d’Abu Sayyaf. Suite à cet incident, les autorités philippines avaient demandé aux journalistes occidentaux de ne plus tenter de rencontrer les otages afin de ne pas compromettre les possibilités de libération.