(RSF/IFEX) – Ci-dessous, une copie de la lettre que RSF a envoyé à Bachar el-Assad, à quelques jours de l’élection présidentielle syrienne où il sera candidat unique : Monsieur Bachar el-Assad Secrétaire général du Parti Baas syrien Abu Rummaneh, Al-Rashid Street Damas, Syrie Paris, le 6 juillet 2000 Monsieur, Alors que, dans quelques jours, à […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, une copie de la lettre que RSF a envoyé à Bachar el-Assad, à quelques jours de l’élection présidentielle syrienne où il sera candidat unique :
Monsieur Bachar el-Assad
Secrétaire général du Parti Baas syrien
Abu Rummaneh, Al-Rashid Street
Damas, Syrie
Paris, le 6 juillet 2000
Monsieur,
Alors que, dans quelques jours, à l’occasion de l’élection présidentielle, vous briguerez les votes de vos concitoyens, notre organisation souhaite attirer tout particulièrement votre attention sur la situation de la liberté de la presse en Syrie.
Nous avons noté en effet que vous vous étiez engagé à soutenir la lutte contre la corruption. Or, vous le savez, sans une presse indépendante du pouvoir, il est difficile de combattre efficacement ce fléau. D’autre part, votre intérêt pour l’Internet nous laisse penser que vous n’êtes pas insensible à la libre circulation de l’information. Aussi, permettez-moi de vous soumettre les cas des sept journalistes actuellement détenus dans votre pays, souvent dans des conditions déplorables.
Lauréat du Prix Reporters sans frontières-Fondation de France 1998, Nizar Nayyouf, collaborateur de l’hebdomadaire Al-Huriyya et du magazine Al-Taqafa al-Ma’arifa et membre des CDF (Comités de défense des libertés démocratiques), a été arrêté, le 2 janvier 1992, puis condamné à dix ans de travaux forcés pour avoir rédigé des tracts des CDF. Nizar Nayyouf souffre de nombreuses séquelles de ses conditions de détention et des tortures qu’il a subies. Il est notamment paralysé des membres inférieurs à cause de fractures des vertèbres provoquées par la torture dite de la « chaise allemande », qui entraîne l’hyper-extension de la colonne vertébrale. Il a également été crucifié, la tête en bas, et a été battu, à de nombreuses reprises, avec des barres de fer.
Faysal Allush, écrivain et collaborateur de l’hebdomadaire palestinien El Kahida, arrêté en 1985, n’a été jugé que le 28 juin 1993 et condamné à quinze ans de prison. Il est accusé d’appartenir au Parti d’action communiste (parti interdit).
Samir Al-Hassan, journaliste palestinien à l’hebdomadaire Al Asifa, également éditeur de la revue Fatah al-Intifada, a été arrêté le 1er avril 1986. Son procès n’a débuté qu’en juillet 1993 devant la Cour de sûreté de l’Etat, qui l’a condamné à quinze ans de prison. Il est également accusé d’être membre du Parti d’action communiste.
Faraj Ahmad Birqdar, poète et collaborateur de l’hebdomadaire palestinien El Kahida, a été arrêté en mars 1987, et interrogé par la sécurité militaire qui l’aurait torturé. Il serait détenu à la prison de Seydnaya (au nord de Damas) après avoir passé sept ans au secret. Jugé par la Cour de sûreté de l’Etat en 1993, il a été condamné à quinze ans de prison. Les soins médicaux nécessités par une fracture lombaire, provoquée par les tortures, lui ont été refusés jusqu’à ce jour.
Nou’man Abdou, collaborateur du mensuel libanais Al-Tarik, est détenu depuis 1992. En 1993, il a été condamné à quinze ans de prison. En juillet 1998, il a été transféré à la prison de Tadmour (est du pays), où les conditions de détention sont particulièrement éprouvantes.
Marwan Mohammed, journaliste au quotidien gouvernemental syrien Al-Baas, a été arrêté le 18 octobre 1987. Accusé d’être membre du Parti d’action communiste, il a été condamné, en 1993, à dix ans de prison.
‘Adel Isma’il, collaborateur du quotidien libanais Al Raïa, est accusé d’être un militant du Parti Baas démocratique, interdit par le régime. Il aurait été arrêté en 1996 à son retour d’Algérie.
Je me permets de vous rappeler que ces détentions sont contraires à l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques que votre pays a ratifié en 1969. Aussi, je ne doute pas que vous mettrez tout en oeuvre pour que ces sept journalistes retrouvent le plus rapidement possible leur liberté, comme trois de leurs confrères libérés au cours de ces derniers mois, et que vous interviendrez pour permettre enfin l’exercice d’une presse libre. Ces emprisonnements sont autant de manquements au respect des droits les plus fondamentaux de la personne humaine. Et ternissent l’image de votre pays sur la scène internationale.
J’espère que vous accepterez de tenir compte de nos remarques et je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de ma très haute considération.
Robert Ménard
Secrétaire général
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Monsieur Bachar el-Assad
Secrétaire général du Parti Baas syrien
Abu Rummaneh, Al-Rashid Street
Damas, SyrieEnvoyer des copies de vos protestations à l’initiateur si possible.