(RSF/IFEX) – Dans une lettre du 30 juin 2000 adressée au ministre de la Défense et de la Sécurité, Surjadi Soedirdja, RSF a demandé que la sécurité des journalistes travaillant aux Moluques soit assurée. Selon RSF, « les menaces de mort à l’encontre de journalistes d’une publication chrétienne marquent une grave dégradation de la situation de […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre du 30 juin 2000 adressée au ministre de la Défense et de la Sécurité, Surjadi Soedirdja, RSF a demandé que la sécurité des journalistes travaillant aux Moluques soit assurée. Selon RSF, « les menaces de mort à l’encontre de journalistes d’une publication chrétienne marquent une grave dégradation de la situation de la liberté de la presse dans cette province d’Indonésie, en proie à des conflits inter communautaires. » RSF s’est, par ailleurs, inquiétée des conséquences pour la presse de l’instauration, le 26 juin, de l’état d’urgence aux Moluques. Robert Ménard, secrétaire général de RSF, a rappelé au ministre qu’il « est de son devoir de garantir que les professionnels de la presse peuvent continuer de rendre compte de la situation afin que les milices ne commettent pas leurs exactions en toute impunité, à l’abri du regard de l’opinion indonésienne et de la communauté internationale. »
Selon les informations recueillies par RSF, la rédaction du journal chrétien « Siwa Lima », publié à Ambon (capitale des Moluques), a été menacée de mort le 23 juin, par un responsable de la milice islamiste Laskar Jihad. Tous les journalistes ont été contraints de se cacher pendant deux jours après que des miliciens ont affirmé vouloir détruire le journal et « punir » la rédaction. Laskar Jihad a acheminé des milliers de volontaires vers les îles Moluques pour participer à la « guerre sainte » contre les chrétiens. Ils se sont déjà attaqués, notamment au cours de manifestations à Jakarta, à des journalistes indonésiens.
Le 26 juin, le gouvernement indonésien a annoncé l’instauration de l’état d’urgence dans la province des Moluques afin de mettre fin aux violences inter communautaires qui ont fait au moins quatre mille morts depuis janvier 1999. Le ministre en charge de la législation, Yusril Ihza Mahendra, a déclaré que l’imposition de l’état d’urgence pourrait conduire à la mise en place d' »un black-out sur les médias et du contrôle des communications téléphoniques et radios ». Enfin, un porte-parole de l’armée a demandé aux journalistes, le 28 juin, de ne pas publier de « rapports sensationnalistes » sur les événements en cours aux Moluques.