Le 14 septembre, cinq internautes Tanzaniens ont été assignés à comparaitre devant un tribunal sous l’accusation d’avoir insulté le président John Magufuli sur les medias sociaux.
Cet article a été initialement publié sur africafex.org le 20 septembre 2016.
La liberté d’expression en ligne est prise en otage en Tanzanie par le gouvernement qui abuse les processus légaux pour réprimer les voix critiques en ligne, en violation des normes régionales et internationales des droits de l’homme.
L’exemple le plus récent et celui de cinq internautes Tanzaniens qui ont été, le 14 Septembre, 2016, assignés à comparaitre devant un tribunal Tanzanien, sous l’accusation d’avoir insulté le président John Magufuli sur les medias sociaux.
Selon l’hebdomadaire Kenyan, The East African, les accusés sont poursuivis pour cinq chefs d’accusations dont: le partage de contenu attentatoire à l’endroit du président et de la police entre le 24 et 30 août de cette année, en violation de la section 118 (a) de l’Acte des communications électroniques et Postales Tanzanien, No. 2 de 2010.
Les cinq personnes qui sont : Dennis Temu, Suleiman Nassoro, Shakira Makame, Juma Mtatuu et Dennis Mtegwa ont comparu devant différents magistrats et ont nié les accusations portées contre eux.
Selon les rapports des medias, l’un des accusés, M. Mtegwa, aurait affiché un commentaire abusif et offensif sur une plateforme WhatsApp. Le commentaire posté en Kiswahili se traduit en français comme : « Je ne comprends pas ce qui se passe dans la tête de JPM (John Pombe Magufuli)… Il ne sait même pas comment s’excuser. Nous sommes à ce stade parce qu’une personne se croit le seul détenteur de la vérité… il doit comprendre que la politique ne consiste pas au ressentiment et que l’opposition n’est pas un ennemi…il doit apprendre à rivaliser avec l’opposition à la base de débat, et non pas par la force. »
Le Procureur a également allégué que les quatre autres, à savoir M. Temu, M. Nassoro, Mme Shakira et M. Mtatuu, ont partagé un message via Facebook et WhatsApp qui incitait le public à la haine contre la police.
« Alors qu’ils sont en train de combattre l’opposition, les criminels sont en train de commettre des crimes » disait une partie du message.
Dans un cas similaire, un tribunal à Arusha aussi en Tanzanie, a condamné, en Juin 2016, un internaute tanzanien à trois ans d’emprisonnement ou à une amende de sept millions de shillings tanzaniens (USD 3,200) pour avoir insulté le président sur Facebook.
Le journal a signalé que les cinq ont été libérés sous caution de 500.000 shillings tanzaniens (environ 230 $) chacun, après que l’avocat de la défense Tundu Lissu ait contredit une demande de l’Accusation que ses clients soient retenus en garde à vue en attendant l’achèvement de investigations. Les audiences sont ajournées au 27 Septembre, 2016, a ajouté le journal.
Malgré les protestations des acteurs de la société civile, le gouvernement de la Tanzanie a promulgué la Loi sur la cybercriminalité en Avril 2015. La loi pénalise un large éventail de cyber-activités.
Le réseau des Organisations de Promotion de la Liberté d’Expression (AFEX) est extrêmement préoccupé par le fait que les citoyens de la Tanzanie sont poursuivis pour avoir exprimé leurs opinions sur des questions qui les affectent directement.
M. Edetaen Ojo, Président du Comité de Pilotage d’AFEX, a déclaré: « Il ne peut y avoir aucune justification pour ces actions du gouvernement tanzanien visant à supprimer des commentaires légitimes et critiques par des citoyens dans l’exercice de leurs droits démocratiques. Les actions du gouvernement constituent une violation flagrante de ses obligations en vertu des lois régionales et internationales relatives aux droits humains, particulièrement au vue de la décision de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples du 5 Décembre 2014, rendue dans le jugement historique dans l’affaire Lohé Issa Konaté contre la Republique du Burkina Faso.»
Il appele les autorités tanzaniennes à abandonner les charges contre les cinq personnes incriminées et exhorte par ailleurs l’Union Africaine à prendre des mesures urgentes pour veiller à ce que ses membres se conforment aux normes applicables de droits de l’homme ainsi que les décisions des tribunaux régionaux des droits humains et des institutions similaires.
Pour plus d’informations, veuillez contacter Felicia Anthonio info{@}africafex.org, ou visitez le site Web d’AFEX www.africafex.org.