Agressions lors de manifestations, procès contre des journalistes-citoyens sahraouis, expulsion de journalistes étrangers : en maintenant un contrôle abusif sur l’information au Sahara occidental, les autorités marocaines y rendent pratiquement impossible le travail des reporters.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 18 octobre 2016.
Reporters sans frontières exhorte les autorités marocaines à cesser de bafouer le droit des journalistes sahraouis et étrangers à couvrir le Sahara occidental.
Agressions lors de manifestations, procès contre des journalistes-citoyens sahraouis, expulsion de journalistes étrangers : en maintenant un contrôle abusif sur l’information au Sahara occidental, les autorités marocaines y rendent pratiquement impossible le travail des reporters. Considéré comme territoire non-autonome par les Nations-Unies, le Sahara occidental est actuellement contrôlé à plus de 80% par le Maroc. Sur place, la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental (MINURSO) est chargée, en plus de cette consultation destinée à permettre aux habitants habilités à voter, de décider du statut futur de ce territoire, de surveiller le cessez-le-feu de 1991 entre le Maroc et le Front polisario.
“Les témoignages recueillis sur place sont accablants pour les autorités marocaines, déplore Yasmine Kacha, directrice du bureau Afrique du Nord de RSF. Jusqu’à quand ces graves restrictions à la liberté d’informer seront-elles maintenues ? Reporter librement ce qui se passe dans cette zone sous haute tension est urgent et nécessaire, notamment pour faire toute la lumière sur les violations des droits de l’homme, que la MINURSO n’est pas mandatée à documenter.”
Le 23 octobre, Camille Lavoix, journaliste freelance pour M le magazine (le Monde) est expulsée manu-militari de Dakhla vers la France alors qu’elle mène un reportage sur la situation dans la région. Durant son interpellation, sa carte SIM et ses comptes mails sont suspendus. Quatre autres journalistes étrangers ont été expulsées du Maroc depuis le début de l’année.
Le 30 septembre, les journalistes-citoyens d’Equipe média Sahara, Said Amidan et Brahim Laajail, sont quant à eux arrêtés par la police marocaine à Guelmim et gardés à vue pendant 3 jours. Poursuivis pour “atteinte à fonctionnaire public” – puni d’une peine allant jusqu’à une année de prison et 5000 dirhams d’amende (460 euros)-, Amidan et Laajail se sont présentés devant le tribunal de première instance de Guelmim le 1er novembre, avant de voir leur procès reporté au 15 janvier 2017. Les net citoyens estiment que les autorités leur reprochent d’avoir accompagné des activistes espagnols venus s’informer de la situation humanitaire dans le territoire .
Enfin, quelques semaines auparavant, le 21 août 2016, Nazha Elkhaledi, correspondante de RASD-TV est arrêtée alors qu’elle couvre une manifestation organisée par des femmes sahraouies dans la ville de Foum El Ouad, près de Laayoune. D’autres cas d’interdiction de couverture médiatique, lors de manifestations notamment, ont été rapportés à RSF.
Le Maroc figure à la 131e place dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2016 de Reporters sans frontières.