(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président de la République, Ange-Félix Patassé, RSF a demandé que Cardoso de Meillot, directeur de publication du quotidien privé « Le Démocrate », soit libéré immédiatement, et que les mandats d’amener délivrés contre Raphaël Kopessoua, directeur de publication de l’hebdomadaire privé « Vouma la mouche », et Zosse Judes, directeur de publication […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président de la République, Ange-Félix Patassé, RSF a demandé que Cardoso de Meillot, directeur de publication du quotidien privé « Le Démocrate », soit libéré immédiatement, et que les mandats d’amener délivrés contre Raphaël Kopessoua, directeur de publication de l’hebdomadaire privé « Vouma la mouche », et Zosse Judes, directeur de publication de « L’Hirondelle », soient levés. Sans se prononcer sur le contenu des articles incriminés, l’organisation a rappelé que la République centrafricaine a ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui garantit, dans son article 19, la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce. « Lors de notre visite en République centrafricaine, en janvier 2000, le président Patassé avait pris l’engagement personnel de veiller à ce qu’il n’y ait jamais de journaliste emprisonné dans le pays », a rappelé Robert Ménard, secrétaire général de RSF.
Selon les informations recueillies par RSF, de Meillot a été arrêté et conduit à la brigade criminelle de Bangui, le 5 mars, sur l’ordre du procureur de la République. Le journaliste est accusé d' »offense au chef de l’État et incitation à la haine », suite à la publication d’un article intitulé « Patassé peut-il prétendre à une aide extérieure? », affirmant « qu’aider financièrement Patassé est un crime contre le peuple centrafricain ». L’article ajoute que le chef de l’État n’est pas un « homme de parole ».
Des mandats d’amener ont également été lancés contre deux journalistes pour les mêmes chefs d’accusation. Kopessoua, directeur de publication de l’hebdomadaire privé « Vouma la mouche », est recherché pour un article intitulé « Jonas Yologaza [ex-directeur national de la Banque des Etats de l’Afrique centrale BEAC] porte la croix de Patassé », qui dénonce l’implication du financier dans le « blanchiment d’argent mafieux ». Judes, directeur de publication de « L’Hirondelle », est aussi recherché pour un article dont on ignore la teneur. Le 8 mai, plusieurs agents de police ont fracturé la porte de ce dernier, menacé sa femme et fouillé de fond en comble son domicile, sans trouver le journaliste.
En janvier, le président Patassé avait affirmé vouloir prendre des « mesures à l’encontre de la presse privée », qu’il accusait « d’incitation à la haine tribale et à la guerre civile ». Il avait alors déclaré que « la récréation [était] terminée ». Dans un rapport, publié en mars, RSF avait renvoyé dos-à-dos la presse privée et les autorités en rappelant aux journalistes leurs devoirs en matière de déontologie et en demandant au chef de l’État de ne pas prendre de mesures répressives envers la presse (consultez le rapport de RSF distribué sur le réseau des alertes le 7 mars 2000).