Le journaliste nigérien Baba Alpha, libéré de prison après un an de détention pour usurpation d'identité, a aussitôt été expulsé vers le Mali sur arrêté ministériel pour "menace à la sécurité intérieure de l'Etat". RSF dénonce "une nouvelle peine."
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 4 avril 2018.
Le journaliste nigérien Baba Alpha, libéré de prison après un an de détention pour usurpation d’identité, a aussitôt été expulsé vers le Mali sur arrêté ministériel pour « menace à la sécurité intérieure de l’Etat ». Reporters sans frontières (RSF) dénonce « une nouvelle peine. »
A peine libéré, immédiatement expulsé. Le journaliste nigérien Baba Alpha, employé par Bonférey, une chaîne télévisée de Niamey, n’a même pas eu le temps de revoir ses proches à sa sortie de prison, mardi 3 avril de 2018. L’administration pénitentiaire lui a présenté un arrêté signé du ministre de l’Intérieur demandant son expulsion immédiate et définitive vers le Mali pour « menace à la sécurité intérieure de l’État ».
Baba Alpha, connu pour ses positions critiques à l’égard du pouvoir, avait initialement été condamné à deux ans de prison ferme et 10 ans de privation de ses droits civiques et politiques en juillet 2017, pour « faux et usage de faux » et détention de papiers d’identité falsifiés. Sa peine avait été réduite à deux ans de prison dont une année avec sursis le 12 mars dernier.
« L’expulsion de ce journaliste dans un pays dans lequel il n’a jamais vécu est une nouvelle peine, dénonce Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Baba Alpha a déjà passé un an en prison en raison de ses prises de position contre le pouvoir. Il se trouve désormais dans un pays étranger sans aucun document d’état civil. »
A sa sortie de prison, le journaliste a immédiatement été conduit à Labézanga, la ville malienne la plus proche de la frontière nigérienne depuis Niamey, la capitale. Joint par RSF, il s’est dit « soulagé d’être libéré » mais « inquiet pour son avenir ».
Dans un contexte sécuritaire dégradé, la liberté de la presse s’est fortement détériorée ces dernières années au Niger. Le pays occupe la 51e place au classement mondial établi par RSF en 2017.