Des rappeurs et chanteurs font l'objet d'une vague de censure en Russie. HRW appelle au respect de la liberté d'expression artistique.
Cet article a été initialement publié sur hrw.org le 28 février 2019.
Les autorités russes ont forcé l’annulation de nombreux concerts de rappeurs et d’autres chanteurs populaires auprès des jeunes, parmi d’autres actes de censure qui violent la liberté d’expression, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch.
Selon le site d’informations indépendant Meduza, au moins 36 concerts ont été annulés dans diverses villes de Russie entre les mois d’octobre et décembre 2018, à la suite d’interventions de la part d’autorités gouvernementales. Cette censure a notamment visé des rappeurs, des chanteurs hip-hop, des groupes de punk rock et des groupes de rock électronique. Dans la plupart des cas, les autorités ont affirmé qu’elles agissaient pour protéger les jeunes en faisant respecter des lois qui interdisent de faire la promotion du suicide, de la drogue ou d’autres substances nocives. Dans certains cas, les autorités ont soutenu que les concerts risquaient de violer la lois qui interdit la « propagande gay » en Russie.
« Les autorités russes censurent des chanteurs sous prétexte de protéger les jeunes », a commenté Tanya Lokshina, directrice adjointe de la division Europe et l’Asie centrale de Human Rights Watch.
Or, la liberté d’expression artistique fait partie de la liberté d’expression. Le droit à la liberté d’expression est protégé par l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, l’article 15 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, ainsi que par l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme.
En mars 2013, la Rapporteuse spéciale des Nations Unies dans le domaine des droits culturels, Farida Shaheed, a présenté au Conseil des droits de l’homme un rapport sur le droit à la liberté d’expression artistique et de création. Ce rapport a notamment souligné que « les artistes devraient pouvoir explorer le côté sombre de l’humanité et représenter des crimes ou ce que certains considèrent comme de « l’immoralité » sans être accusés de les promouvoir. »