(FIJ/IIP/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse commun de la FIJ et du IIP: 86 journalistes et employés de la presse tués au cours d’une ‘triste année’ d’assassinats et de conflits En 1999, plus de 80 journalistes et travailleurs du secteur des médias ont été tués ou assassinés. Il s’agit de l’une des pires années […]
(FIJ/IIP/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse commun de la FIJ et du IIP:
86 journalistes et employés de la presse tués au cours d’une ‘triste année’ d’assassinats et de conflits
En 1999, plus de 80 journalistes et travailleurs du secteur des médias ont été tués ou assassinés. Il s’agit de l’une des pires années qui soient, déclarent la Fédération Internationale des Journalistes et l’Institut International de la Presse.
« Dans un siècle de massacres incessants, 1999 fut une année noire, » déclare Aidan White, Secrétaire général de la FIJ. « Une fois encore, ce sont les journalistes, et ceux qui travaillent avec eux, qui ont été les victimes des assassinats, des crimes et des guerres. »
La liste de 1999 mentionne un total de 86 décès, dont 69 ont été confirmés, et 17 font encore l’objet d’une enquête. La plupart des victimes ont été fauchées dans les vagues de violences qui ont déferlé sur les Balkans, la Russie et la Sierra Leone. Le rapport 1999 révèle que 25 journalistes et travailleurs des médias sont morts en République fédérale de Yougoslavie, et 16 d’entre eux ont été victimes du bombardement par l’OTAN de l’immeuble de la radiotélévision serbe en avril.
« L’assassinat de Slavko Curuvija, rédacteur en chef au Dnevni Telegraf, a été particulièrement effroyable, » indique le rapport, qui signale que l’oppression systématique des médias indépendants par le régime de Slobodan Milosevic ne s’est pas atténuée face à la « décision peu judicieuse et imprudente de viser les médias », prise par l’OTAN durant sa campagne de bombardements. Parmi les autres victimes figurent deux reporters allemands et trois journalistes qui séjournaient à l’ambassade de Chine lorsqu’elle celle-ci a été touchée par les bombes de l’OTAN.
Mais les journalistes et la presse ont été visés partout dans le monde. En Inde, la presse a été prise sous le feu de violents échanges sur la frontière du Cachemire, et en Tchétchénie, les forces russes ont bombardé et frappé un centre de presse tchétchène à Grozny. « Des journalistes sont en train de se faire massacrer au moment où le public a le plus besoin d’une information impartiale, c’est-à-dire pendant les guerres et les conflits » déclare Johann P. Fritz, directeur de l’Institut International de la Presse. On a également noté le décès dans des circonstances atroces du journaliste néerlandais Sander Thoenes et du journaliste indonésien Agus Muliawan au Timor oriental, dont le massacre, selon une enquête de la FIJ-NVJ, est imputable aux forces indonésiennes de sécurité.
En Afrique, la guerre civile en Sierra Leone a fait environ 10 victimes dans la communauté locale des journalistes, et une guerre larvée en Colombie a provoqué la mort de 6 personnes, signale encore le rapport.
« C’est la deuxième année parmi les pires que nous ayons enregistrées, » mentionne le rapport. « Nous terminons le siècle sur une note consternante. Malgré tous les discours sur les principes d’éthique et les droits de l’homme, le combat en faveur de la liberté de la presse a encore un bien long chemin à parcourir dans de nombreuses parties du monde ».
Le rapport souligne une fois de plus le problème de la mauvaise volonté des pouvoirs lorsqu’il s’agit d’enquêter sur des assassinats et des actes de violences commis à l’encontre de la presse. « Il ne peut y avoir d’impunité pour les assassins de journalistes et de travailleurs de la presse », déclare Johann P. Fritz. Le rapport presse les gouvernements d’accorder la priorité nécessaire aux enquêtes sur ces assassinats, car actuellement, les autorités ne se mobilisent pas beaucoup, ce qui conforte les ennemis de la démocratie dans leur position. Johann P. Fritz insiste également pour que les journalistes eux-mêmes combattent ces massacres. « Des journalistes sont souvent assassinés parce ce que quelqu’un, quelque part, veut étouffer une information » dit-il. « Si les assassins savaient qu’en tuant un journaliste, les médias se rassembleraient et leur accorderaient une plus grande attention, il hésiteraient à user de violence. »
En Colombie, la crise a ravivé les craintes de voir les journalistes d’Amérique latine céder devant les pressions des bandes de criminels et des terroristes politiques. « On peut craindre un retour en arrière, vers la sombre période du début des années 90, quand l’assassinat de journalistes était devenu une pratique routinière des escrocs et des bandes de terroristes, » indique le rapport.
« Il faut que les gouvernements et les patrons de presse placent la sécurité des journalistes et du personnel de la presse en tête de leurs ordres du jour. Trop souvent, cependant, nous voyons les conditions de travail empirer au lieu de s’améliorer, ce qui suscite une atmosphère d’incertitude et d’insécurité dans le journalisme, » dit Aidan White, qui a réitéré l’appel de la FIJ en faveur d’un code international de pratique pour les travailleurs de la presse. « Les journalistes, les employeurs et les syndicats de presse doivent ouvrir la voie pour l’établissement de normes de sécurité, » ajoute-t-il.