**Mise à jour de l’alerte de l’IFEX du 10 décembre 1999** (JED/IFEX) – JED a rendu public, au cours d’une conférence de presse, le vendredi 10 décembre 1999, son « Rapport 1999 sur l’état de la liberté de la presse en République démocratique du Congo ». Il ressort de ce rapport qu’à la date du 10 décembre, […]
**Mise à jour de l’alerte de l’IFEX du 10 décembre 1999**
(JED/IFEX) – JED a rendu public, au cours d’une conférence de presse, le vendredi 10 décembre 1999, son « Rapport 1999 sur l’état de la liberté de la presse en République démocratique du Congo ».
Il ressort de ce rapport qu’à la date du 10 décembre, date anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, trois journalistes congolais sont en prison. Le premier, Joseph Mbakulu Pambu Diana, journaliste à la Radiotélévision Matadi (RTM) et président de la section locale de l’ Union de la presse du Congo (UPC) a été arrêté et emprisonné à l’ex-Prison centrale de Makala depuis le 24 octobre 1998. Son procès, qui se poursuit devant la Cour d’ordre militaire (COM), s’est ouvert le 18 novembre 1999. Il est poursuivi pour « propagation de faux bruits ».
Le deuxième journaliste emprisonné est Kazadi Mbayo Djodjo, directeur de publication de l’hebdomadaire « La Palme d’Or ». Il est arrêté depuis le 7 novembre et emprisonné au cachot de la direction intérieure de l’Agence nationale de renseignements (ANR). Il n’a jamais été présenté à un magistrat et il est interdit de visite, même pour les membres de sa famille.
Le dernier journaliste emprisonné est Polycarpe Honsek Hokwoy, éditeur de l’hebdomadaire « La Solidarité ». Il croupit à la Prison centrale ex-Makala depuis le 6 novembre. Le tribunal lui a accordé une liberté provisoire depuis le 17 novembre mais, une main politique le garde en prison bafouant ainsi une décision judiciaire. Honsek a publié une information annonçant, à tort, l’arrestation du ministre des Finances et Budget, Mawapanga Mwana Nanga.
20 journalistes ont été privés de leur liberté pour de plus ou moins longue période et 30 autres ont passé moins de 48 heures dans une prison ou un cachot pour délit de presse réel ou supposé. Huit journalistes ont été, durant l’année 1999, victime, dans l’exercice de leur métier, des agressions ou traitements inhumains. Huit autres journalistes ont été menacés ou harcelés dans leur travail.
Au nom de la guerre, bon nombre de liberté ont été un peu plus restreinte cette année. Et bon nombre de violations de la liberté de la presse en République démocratique du Congo l’ont été au nom de la guerre qui sévit dans la partie Nord-Est du pays, avec des accusations du genre « intelligence avec l’ennemi, « découragement de la population ou des combattants », « divulgation de secret d’Etat ou secret défense en temps de guerre », etc.
Le rapport fait aussi remarquer que face à des fautes réelles ou supposées de la presse, tout détenteur d’une parcelle de pouvoir – politique, économique ou militaire- se croit en droit de se faire justice. Des amis ou membres de famille dans la police, l’armée, la sécurité voire la justice sont mis à contribution pour traquer le média ou le journaliste « indésirable ». A défaut de mettre la main sur le journaliste, on a pris l’habitude de prendre en otage l’éditeur, d’autres journalistes voire des visiteurs trouvés à la rédaction ou des membres de famille trouvés à la maison. C’est cette vision dépassée de la justice qui a permis à un général de l’armée d’emprisonner dans sa résidence, pendant dix jours, des journalistes.