(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF, daté du 9 avril 2002 : 9 avril 2002 LE RÉSEAU DAMOCLÈS Pour en finir avec l’impunité des bourreaux de journalistes Créé par Reporters sans frontières et financé par l’Union européenne, le réseau Damoclès agit à différents niveaux pour que soit mis fin à l’impunité dont […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF, daté du 9 avril 2002 :
9 avril 2002
LE RÉSEAU DAMOCLÈS
Pour en finir avec l’impunité des bourreaux de journalistes
Créé par Reporters sans frontières et financé par l’Union européenne, le réseau Damoclès agit à différents niveaux pour que soit mis fin à l’impunité dont bénéficient trop d’assassins et de tortionnaires de journalistes. Pour dresser un état des lieux, le cas échéant, des manquements de la police et des dysfonctionnements de la justice, le réseau Damoclès diligente sur le terrain des missions d’enquête assurées conjointement par un juriste et un journaliste. Pour que les responsables soient jugés, le réseau intervient aux côtés des victimes devant les juridictions nationales, régionales ou internationales compétentes afin d’organiser les initiatives judiciaires appropriées. Pour sensibiliser le grand public, le réseau Damoclès dénonce, par le biais de campagnes de presse, l’impunité qui protège les bourreaux de journalistes.
A l’occasion d’une conférence de presse qui s’est tenue à Madrid, le 8 avril 2002, le juge Baltasar Garzon, président d’honneur du réseau Damoclès, candidat au prix Nobel de la paix et auteur du mandat d’arrêt contre l’ex-dictateur Pinochet en 1998, a présenté les objectifs et premières actions de Damoclès, en compagnie de plusieurs membres du comité directeur de l’organisation. Étaient présents à Madrid, Fernando Castello, journaliste et président de Reporters sans frontières, William Bourdon, avocat à Paris, Jean-Pierre Getti, président de la cour d’assises de Paris, Robert Ménard, journaliste et secrétaire général de Reporters sans frontières, Christine Ockrent, journaliste et écrivain français et Luc Walleyn, avocat à Bruxelles.
Comme l’a mis en relief le juge Baltasar Garzon : « C’est la première fois dans l’histoire que journalistes et juges agiront ensemble dans la dénonciation des responsables d’atteintes à la liberté de la presse et lanceront des poursuites judiciaires contre les responsables des atteintes les plus violentes comme l’assassinat, la torture et la disparition forcée ». Le juge Baltasar Garzon a ajouté : « Les journalistes et les médias sont, à travers la liberté de la presse, les garants des autres libertés et droits de l’homme ». Il a par ailleurs proposé que les attentats graves commis contre les professionnels des médias soient inclus dans le statut de la Cour pénale internationale en tant que crimes contre l’humanité. La Cour pénale internationale qui atteindra sa soixantième ratification le jeudi 11 avril 2002, entrera en vigueur en juillet 2002. Au cours de ces dix dernières années, 513 journalistes ont été tués ou assassinés pour avoir informé au cours de conflit armés, dénoncé la corruption, la fraude, révélé des exactions ou mis en cause les agissements de certaines personnalités du monde politique ou des affaires. Dans 95 % des cas, les autorités n’ont pas trouvé ou n’ont pas même cherché les coupables. Journalistes et juristes du réseau Damoclès réaliseront conjointement des missions d’enquête sur le terrain telles que celles déjà entreprises au Burkina Faso dans le cadre de l’affaire Norbert Zongo, journaliste assassiné le 13 décembre 1998 ; en Russie, pour faire la lumière sur la disparition de Vladimir Kirsanov, le 17 mai 2001 ; ou encore en Haïti suite aux assassinats de Jean Dominique, le 3 avril 2000, et de Brignol Lindor, le 3 décembre 2001.
Le réseau Damoclès entreprend également des procédures judiciaires aux côtés des victimes ou de leurs familles comme en Colombie dans le cadre du procès des assassins présumés de Jaime Garzon, journaliste et humoriste très populaire, assassiné le 13 août 1999. Le réseau s’est par ailleurs constitué partie civile en Ukraine, aux côtés de la veuve et de la mère de Géorgiy Gongadze, disparu le 16 septembre 2000.
Pour finir, le juge Baltasar Garzon a proposé que le réseau Damoclès protège les familles des victimes et les témoins de faits généralement commis dans des pays où la sécurité des personnes n’est pas garantie. Il a appelé l’organisation à coopérer étroitement avec d’autres réseaux internationaux de défense des droits de l’homme en vue de la création d’un observatoire international contre l’impunité.