(MFWA/IFEX) – Le Tribunal Régional de Niamey a condamné, le 1er septembre 2006, Mamane Abou et Oumarou Keita, respectivement directeur de publication et direction de la rédaction de l’hebdomadaire indépendant « Le Républicain », à 18 mois de prison ferme pour « diffusion de fausses nouvelles et diffamation contre l’Etat du Niger ». La juridiction a, en plus, condamné […]
(MFWA/IFEX) – Le Tribunal Régional de Niamey a condamné, le 1er septembre 2006, Mamane Abou et Oumarou Keita, respectivement directeur de publication et direction de la rédaction de l’hebdomadaire indépendant « Le Républicain », à 18 mois de prison ferme pour « diffusion de fausses nouvelles et diffamation contre l’Etat du Niger ».
La juridiction a, en plus, condamné les deux journalistes à payer une amende de 5 millions de francs CFA (environ 9 700 $US) chacun.
Selon les sources de la Fondation pour les Médias en Afrique de l’Ouest (MFWA-Niger), les deux journalistes ont été condamnés, malgré l’existence d’une question pendante au niveau de la Cour d’Appel de Niamey. Leurs avocats avaient contesté la procédure de flagrant délit utilisée contre leurs clients, en faisant valoir qu’elle n’a pas été prévue par la loi sur la presse au Niger. La Cour d’Appel de Niamey devrait se prononcer sur cette question le 11 septembre 2006.
Après l’ouverture du jugement, le 14 août 2006, les avocats Moussa Coulibaly et Souley Oumarou qui défendent les journalistes ont décidé de quitter la salle d’audience, motivant leur retrait par le fait que le procès ne peut être ni juste ni équitable à partir du moment où les droits de la défense ne sont pas garantis.
Ce retrait est consécutif au rejet de toutes les questions qu’ils ont soulevées, notamment le report du procès, en attendant que la Cour d’Appel se prononce sur leurs requêtes. Ils ont aussi récusé le juge Chaibou Moussa qui, à leurs yeux, ne peut être impartial.
Le même magistrat avait condamné, en 2003, Mamane Abou à 6 mois de prison ferme pour « complicité de vol de documents administratif et diffamation ». Mais cette décision avait été annulée par la Cour d’Appel de Niamey et le journaliste avait été libéré.
Suite au retrait de leurs avocats, les deux journalistes ont décidé de ne pas coopérer avec le tribunal, en gardant un silence complet. Le Procureur de la République avait requis contre eux 18 mois de prison ferme et 70 000 francs CFA (environ 140 $US) d’amende chacun.
Abou et Keita ont été durant cette période privés de visites et détenus dans des prisons différentes, situées dans des localités qui ne relèvent pas de la juridiction de Niamey. Ce qui n’est pas de nature à garantir leur sécurité, ont estimé les avocats.
Après la condamnation des deux journalistes, Maître Moussa Coulibaly a indiqué que cette décision du Tribunal Régional de Niamey constitue « le plus grand scandale politico-judicaire que le Niger ait connu, car c’est la première fois qu’un juge refuse royalement de se plier aux injonctions d’une juridiction supérieure ».
Dans son édition du 27 juillet 2006, « Le Républicain » a publié un article de Oumarou Keita indiquant que le gouvernement de Hama Amadou a opté pour un renforcement des relations diplomatiques avec des pays comme l’Iran et le Venezuela, au détriment de l’Occident.
L’Etat du Niger avait porté plainte et les deux journalistes ont été aussitôt arrêtés et placés en détention.