(RSF/IFEX) – Abdoulaye Tiémogo, le directeur de publication de l’hebdomadaire satirique « Le Canard déchaîné », a été condamné à une peine de huit mois de prison ferme pour « diffamation et injures ». Il avait été arrêté le 18 juin 2002 suite à une plainte du Premier ministre, Hama Amadou, pour « diffamation ». RSF a exhorté le chef du […]
(RSF/IFEX) – Abdoulaye Tiémogo, le directeur de publication de l’hebdomadaire satirique « Le Canard déchaîné », a été condamné à une peine de huit mois de prison ferme pour « diffamation et injures ». Il avait été arrêté le 18 juin 2002 suite à une plainte du Premier ministre, Hama Amadou, pour « diffamation ». RSF a exhorté le chef du gouvernement à retirer sa plainte afin que le journaliste soit libéré immédiatement.
L’organisation s’est déclarée choquée par la sévérité du verdict. « Sans se prononcer sur le fond de l’affaire, Reporters sans frontières tient à rappeler qu’une condamnation à une peine de prison ferme pour « diffamation », est une violation grave des droits de l’homme », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. Le jugement en appel est prévu le 5 juillet. Depuis octobre 2001, Tiémogo a été arrêté trois fois et a passé presque deux mois derrière les barreaux. À chaque fois, un membre du gouvernement était à l’origine des poursuites.
Le 28 juin, d’après les informations recueillies par RSF, Tiémogo a été condamné à une peine de huit mois de prison ferme et à 50 000 francs CFA (environ 75 $US ; 76 euros) d’amende. Il doit également verser un million de francs CFA (environ 1 495 $US ; 1 525 euros) de dommage et intérêts au Premier ministre, et publier à ses frais un démenti des articles incriminés dans l’ensemble de la presse nigérienne. Amadou avait porté plainte contre Tiémogo, après la publication de trois articles très critiques publiés dans la dernière édition du « Canard déchaîné ». Le journaliste accusait notamment Amadou de vouloir corrompre le président de l’Assemblée nationale pour conserver son fauteuil de Premier ministre. Tiémogo avait été placé en garde à vue le 18 juin en fin d’après-midi, par la police judiciaire de Niamey. Il avait été transféré le 28 juin à la prison civile de Niamey.
Il y a un peu plus d’un mois, Tiémogo, avait été incarcéré pendant deux semaines, avant d’être relaxé, suite à une plainte de Amadou. Il avait été placé en garde à vue le 17 mai, une semaine après avoir animé un débat sur la station privée Tambara FM, au cours duquel Sanoussi Jackou, président d’une petite formation d’opposition, le Parti Nigérien pour l’autogestion (PNA), avait accusé le Premier ministre d’exercer une discrimination ethnique et régionaliste dans la nomination des hauts fonctionnaires de l’État (consulter des alertes de l’IFEX des 30 et 23 mai 2002).
Le 19 octobre 2001, Tiémogo, avait été condamné à six mois de prison pour « diffamation » par le tribunal de première instance de Niamey. Le ministre de l’Agriculture, Wassalké Boukari, avait porté plainte contre « Le Canard Déchaîné » suite à la parution d’un article affirmant que le ministre avait détourné 200 millions de francs CFA (environ 299 000 $US ; 305 000 euros) d’une zone aurifère dans l’ouest du pays. À l’ouverture du procès en appel, le 7 décembre, le ministre avait retiré sa plainte, et le journaliste avait été libéré (consulter des alertes de l’IFEX du 12 décembre et 19 octobre 2001).