(JED/IFEX) – Dans une lettre adressée, le 18 octobre 2002, à Ntumba Luaba, ministre des droits humains, JED a exprimé sa très vive préoccupation à la suite de l’enlèvement et des actes de tortures et de destruction de véhicule dont a été victime Sébastien Kayembe Nkokesha, président du conseil d’administration de l’OCDH (Observatoire Congolais des […]
(JED/IFEX) – Dans une lettre adressée, le 18 octobre 2002, à Ntumba Luaba, ministre des droits humains, JED a exprimé sa très vive préoccupation à la suite de l’enlèvement et des actes de tortures et de destruction de véhicule dont a été victime Sébastien Kayembe Nkokesha, président du conseil d’administration de l’OCDH (Observatoire Congolais des droits de l’homme) et avocat au barreau de Kinshasa. « JED voudrait que, pour une fois, le gouvernement démontre que son engagement pour le respect des droits de l’homme en RDC n’est pas seulement de la rhétorique pour la consommation extérieure. Pour cela, JED vous demande de saisir le parquet général de la république afin qu’une enquête soit ouverte et que les assaillants et commanditaires de l’enlèvement de ces actes soit arrêtés et punis conformément aux lois », dit expressément la lettre de JED.
Selon des informations confirmées par le témoignage de la victime elle-même, Kayembe a été enlevé le 15 octobre vers 15 h 00 (heure locale), en plein centre ville, par des hommes en armes et en tenue militaire. Il a été conduit de force à Maluku (périphérie est de Kinshasa), à plus de cinquante kilomètres, où il a été aspergé d’un liquide inconnu dans les yeux et battu à coup de barres de fer. Il a ensuite été conduit et laissé pour mort à Kimbondo, sur la route du Bas-Congo. Son véhicule a été retrouvé incendié, 24 heures après, à Maluku. Ses bourreaux et tortionnaires, parmi lesquels un colonel non autrement identifié, lui reprochaient d’être « l’avocat du diable » et « de défendre des gens qui ont tué Mzee (Ndlr : Laurent Désiré Kabila) ».
Kayembe défend les journalistes Delly Bonsange et Raymond Kabala, condamnés à des lourdes peines de prison et d’amende pour « imputations dommageables » à l’endroit du ministre de la Sécurité et de l’Ordre public, Mwenze Kongolo, et « faux en écriture » pour une erreur dans l’adresse affichée sur le journal « Alerte Plus ». Au cours de ce procès, Kayembe a demandé, en vain, à la cour de poursuivre des membres du cabinet du ministre de la Sécurité et de l’Ordre public, accusés par le journaliste Kabala de l’avoir torturé dans les locaux du ministère avant d’être transféré au Centre Pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK). À l’occasion de la journée internationale de lutte contre la torture, il y a quelques mois, l’OCDH avait vigoureusement dénoncé la pratique quotidienne des actes de torture pratiqués en République démocratique du Congo en toute impunité. Une polémique virulente s’était engagée, particulièrement avec le cabinet du ministre de la Sécurité et de l’ordre public, au sujet des tortures infligées à Kabala.
Kayembe est aussi l’un des avocats des présumés assassins de feu le président Laurent-Désiré Kabila, dont le procès se déroule encore au CPRK. À ce jour, Kayembe est dans l’incapacité physique d’exercer sa profession alors que le procès en appel de l’affaire des deux journalistes attend son dénouement et que le ministère public, le colonel Charles Alamba, a requis 115 peines de mort sur 130 prévenus dans le procès des présumés assassins de feu président Kabila.