(RSF/IFEX) – Depuis le 10 janvier 2003, Zouhair Yahyaoui, fondateur du site TUNeZINE (www.tunezine.com), souffre d’un abcès dentaire et de violents maux de tête. Le refus des autorités de le soigner et ses conditions de détention très éprouvantes ont poussé le cyberdissident à entamer, le 17 janvier, une grève de la faim. RSF qui s’alarme […]
(RSF/IFEX) – Depuis le 10 janvier 2003, Zouhair Yahyaoui, fondateur du site TUNeZINE (www.tunezine.com), souffre d’un abcès dentaire et de violents maux de tête. Le refus des autorités de le soigner et ses conditions de détention très éprouvantes ont poussé le cyberdissident à entamer, le 17 janvier, une grève de la faim.
RSF qui s’alarme de la détérioration de la santé du jeune homme demande aux autorités tunisiennes sa libération immédiate et inconditionnelle. « Non seulement le régime tunisien emprisonne des personnes qui n’ont commis comme crime que celui de s’être exprimées mais il les incarcère aussi dans des conditions déplorables », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF.
Depuis une semaine, Yahyaoui souffre d’une gencive infectée et d’importants maux de tête. Suite à ses demandes répétées de soins auprès de l’autorité pénitentiaire, il n’a pu obtenir que deux aspirines. Le 16 janvier, il a informé sa famille, qui lui rend visite tous les jeudis, qu’il débuterait une grève de la faim le lendemain. « De toutes les manières, la souffrance est telle que je ne peux pas me nourrir », a-t-il déclaré à ses proches. Yahyaoui est incarcéré à la prison de Borj el Amri, située à 30 km de Tunis, où il partage une cellule avec une centaine de détenus.
Le 10 juillet 2002, Yahyaoui a été condamné, par la cour d’appel de Tunis, à deux ans de prison pour « propagation de fausses nouvelles ». Il avait été arrêté, le 4 juin, par plusieurs policiers en civil dans un cybercafé. Au cours de son interrogatoire, il avait subi trois séances de « suspension », méthode de torture où la personne est suspendue par les bras, avec les pieds touchant à peine le sol.
Yahyaoui écrivait sous le pseudonyme « Ettounsi » qui signifie « le Tunisien » en arabe. Il avait fondé le site TUNeZINE en juillet 2001 pour diffuser des informations sur la lutte en faveur de la démocratie et des libertés en Tunisie, et publiait en ligne des documents de l’opposition. Il avait été l’un des premiers à diffuser la lettre dénonçant le système judiciaire du pays adressée au président de la République par le juge Mokhtar Yahyaoui.
Hamadi Jebali, directeur de l’hebdomadaire « Al Fajr », organe du mouvement islamiste An Nahda, et emprisonné depuis 1991, a également débuté une grève de la faim à la mi-janvier pour protester contre ses conditions de détention. En 1992, il avait été condamné par la Cour militaire de Tunis à seize ans de prison pour « agression dans l’intention de changer la nature de l’État » et « appartenance à une organisation illégale ». Il venait de purger une peine d’un an de prison pour avoir publié un article qui critiquait le système des tribunaux militaires.
Le 14 décembre 2002, Hedi Yahmed, journaliste de l’hebdomadaire privé « Réalités », avait été convoqué par le procureur de la République, au sujet d’un dossier sur l’état des prisons en Tunisie. Il avait été contraint de démissionner peu après. Début janvier, des policiers en civil se sont rendus à son domicile, à Gabès, pour demander à sa famille où se trouvait le journaliste.