(RSF/IFEX) – Après des mois de tracasseries administratives, censures et autres intimidations, l’hebdomadaire satirique « Addomari » s’est vu retirer son autorisation par le ministère de l’Information. « Si, officiellement, on reproche au directeur du journal d’avoir violé la loi sur les publications, la vraie raison de cette « mise à mort » est évidemment politique. « Addomari » constituait une véritable […]
(RSF/IFEX) – Après des mois de tracasseries administratives, censures et autres intimidations, l’hebdomadaire satirique « Addomari » s’est vu retirer son autorisation par le ministère de l’Information.
« Si, officiellement, on reproche au directeur du journal d’avoir violé la loi sur les publications, la vraie raison de cette « mise à mort » est évidemment politique. « Addomari » constituait une véritable bouffée d’oxygène dans un paysage médiatique amorphe. Sa fermeture est un très mauvais signe pour la liberté d’expression en Syrie. Nous demandons au Premier ministre de revenir sur cette décision qui ne manquera pas de ternir davantage encore l’image du pays », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF.
Le 31 juillet 2003, le Premier ministre syrien, Mustapha Miro, a promulgué un décret retirant l’autorisation accordée à l’hebdomadaire satirique « Addomari », car « cette publication a contrevenu aux lois et aux règlements en vigueur en s’abstenant de paraître pendant plus de trois mois », a précisé un communiqué du ministère de l’Information. « Deux avertissements avaient été adressés » à Ali Farzat, propriétaire et rédacteur en chef du journal, selon le ministère qui souligne qu’en vertu de la loi, « la licence de publication est retirée à toute publication qui n’apparaît pas pendant plus de trois mois ».
Or, si cette publication ne paraît plus depuis avril, c’est que, dès le sixième numéro, le journal avait rencontré de nombreuses difficultés avec le distributeur et l’annonceur, sans compter les censures et rappels à l’ordre dont il a fait l’objet. Le ministère de l’Information avait notamment exigé que la publication soit soumise à un contrôle préalable, ce que le journal avait refusé. Face à la multiplication de ces obstacles pour diffuser son journal, Farzat avait préféré suspendre la parution du journal.
Mais sachant que son journal risquait d’être interdit s’il ne sortait pas début août (avant l’expiration des trois mois), le rédacteur en chef a publié un numéro, daté du 28 juillet, titré « La croyance dans la possibilité de réformes ». Selon Anouar el Bounni, l’avocat du journal, les autorités en ont interdit la distribution parce qu’il contenait des articles traitant des médias en Syrie « soumis à la censure » ainsi que deux messages adressés au président Bachar el-Assad et au ministre de l’Information, Adnane Omrane. Plusieurs journalistes de la rédaction ont, par ailleurs, été convoqués par différents services de sécurité. El Bounni a dénoncé cette censure et déclaré qu’il allait recourir à la justice pour faire annuler la décision de retrait de la licence.
« Addomari », seul journal satirique indépendant, avait bénéficié d’une loi promulguée en septembre 2001 autorisant, pour la première fois depuis 1963, la publication de journaux non contrôlés par l’État.