(FIJ/UJAO/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse commun de la FIJ et de l’UJAO, daté du 11 octobre 2003 : Affaire Sophie Malibeaux : escalade dans les atteintes à la liberté de la presse au Sénégal Les autorités sénégalaises viennent de poser un acte qui confirme et fait monter, à la fois, d’un cran les […]
(FIJ/UJAO/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse commun de la FIJ et de l’UJAO, daté du 11 octobre 2003 :
Affaire Sophie Malibeaux : escalade dans les atteintes à la liberté de la presse au Sénégal
Les autorités sénégalaises viennent de poser un acte qui confirme et fait monter, à la fois, d’un cran les légitimes inquiétudes concernant l’avenir de la presse et du droit d’expression dans un pays connu jusqu’ici pour son attachement aux valeurs de démocratie et de liberté, sous toutes ses formes.
Sophie Malibeaux, envoyée spéciale permanente de Radio France Internationale (RFI), a été interpellée, le 7 octobre 2003, par les forces de l’ordre, à Ziguinchor (sud du Sénégal), où elle se trouvait pour les besoins de la couverture des assises du Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance (MFDC), et acheminée manu militari par vol spécial à Dakar.
Elle a été retenue pendant des heures dans les locaux du ministère de l’Intérieur pour se voir notifier, en fin de journée, un arrêté d’expulsion du territoire national. Motif officiel : « Nécessité d’ordre public ». Il ne lui a même pas été donné l’occasion de s’expliquer.
Conduite ensuite sous bonne escorte policière à l’aéroport – elle aura juste eu le temps de faire un bref passage à son domicile pour rassembler quelques effets personnels – elle était sur le point d’être embarquée dans un vol vers Paris lorsqu’un contre ordre est tombé, annulant ou suspendant la mesure d’expulsion.
Par sa brutalité et son caractère musclé, le traitement, digne des plus dangereux terroristes et bandits de grand chemin, infligé à Sophie, a surpris et indigné plus d’un observateur, et nombreux sont ceux qui ont pu se demander, non sans raison, si on était bien au Sénégal.
Face à cette situation, les organisations signataires de cette déclaration dénoncent, avec la dernière énergie, le traitement humiliant et dégradant qui a été réservé à Sophie Malibeaux, sans doute une première dans les annales de la presse étrangère accréditée au Sénégal.
Les organisations professionnelles concernées considèrent, au vu des arguments avancés ici et là pour justifier l’injustifiable, que la correspondante de RFI n’a commis aucun manquement à la déontologie journalistique dans la couverture des assises du MFDC. Elles demandent que cette affaire soit définitivement close.
Ces faits interviennent après de nombreux cas de harcèlements de journalistes sénégalais et quelques semaines après un communiqué du Procureur Général rappelant les nombreux délits de presse faisant des journalistes au Sénégal des femmes et des hommes en liberté provisoire avec de procédures n’offrant aucune garantie.
L’Association de la Presse Etrangère au Sénégal, le SYNPICS, l’Union des Journalistes de l’Afrique de l’Ouest et le Bureau Afrique de la Fédération Internationale des Journalistes invitent les autorités à mettre un terme aux attaques répétées contre les journalistes et contre la liberté de la presse afin de privilégier des rapports sereins avec la presse dans son ensemble et sauvegarder en même temps l’image du Sénégal, celle-là même qui lui a valu jusqu’ici la considération et le respect de la communauté internationale.
Dakar, le 11 octobre 2003
Association de la Presse Etrangère au Sénégal (APES)
Syndicat des Professionnels de l’information et de la Communication du Sénégal (SYNPICS)
Union des Journalistes de l’Afrique de l’Ouest (UJAO)
Fédération internationale des journalistes (FIJ) Bureau Afrique