(RSF/IFEX) – Le 27 janvier 2004, le quotidien officiel « Al-Zahf al-Akhdar » (« La Marche verte ») a été suspendu pour une semaine pour « dérapage » et « publication d’articles allant à l’encontre du pouvoir des masses ». « Ce journal, qui a osé critiquer le régime libyen en demandant à Mouammar Kadhafi de jouer pleinement son rôle de chef d’Etat, a […]
(RSF/IFEX) – Le 27 janvier 2004, le quotidien officiel « Al-Zahf al-Akhdar » (« La Marche verte ») a été suspendu pour une semaine pour « dérapage » et « publication d’articles allant à l’encontre du pouvoir des masses ».
« Ce journal, qui a osé critiquer le régime libyen en demandant à Mouammar Kadhafi de jouer pleinement son rôle de chef d’Etat, a été immédiatement mis à l’index. Nous demandons, une nouvelle fois, aux autorités libyennes de permettre à une presse libre et indépendante de s’exprimer. Malgré les concessions du colonel Kadhafi sur la scène internationale pour présenter son régime sous un jour favorable et ouvert, il n’a toujours pas fait le moindre geste à l’égard de la liberté de la presse, totalement inexistante dans son pays. Par ailleurs, non content de réduire au silence la presse libyenne, il tente également de poursuivre les journalistes qui osent le critiquer à l’étranger. Il est temps que le colonel change sa façon de considérer la presse », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF.
Selon l’Agence France-Presse, « Al-Zahf al-Akhdar » avait publié récemment un article demandant que le colonel Kadhafi exerce réellement le pouvoir d’un chef d’Etat, et mette un terme à la rhétorique sur son titre de « guide de la révolution ». « La révolution menée par Kadhafi a bien mûri. Il est temps de changer les règles du jeu, de créer un Etat modèle. Le guerrier qui a dirigé cette révolution doit maintenant construire l’Etat et devenir réellement président », écrivait le quotidien. Officiellement, la Libye est un Etat régi par des comités populaires élus et, de ce fait, Kadhafi n’exerce théoriquement aucune fonction officielle, laissant le pouvoir au peuple.
Le journal avait été déjà suspendu une semaine en octobre 2003 après avoir insulté et critiqué le Bahreïn et le Koweït (consulter l’alerte de l’IFEX du 16 octobre 2003).
La susceptibilité de Kadhafi envers la presse ne se limite pas à son pays. Par l’intermédiaire de son ambassadeur, le colonel a déposé une plainte à Rabat (au Maroc), le 25 janvier, contre Mustapha Alaoui, directeur de l’hebdomadaire « Al-Ousbou ». Ce journal avait publié un article sur la décision libyenne de renoncer à tout programme nucléaire militaire et demandait au pays d’indemniser les familles de Marocains tués par des armes libyennes fournies au Front Polisario. Une caricature accompagnant l’article, qui représentait une silhouette humaine déculottée, a été jugée diffamante par le colonel Kadhafi. « Rien ne pouvait identifier Kadhafi. Cette plainte n’a donc aucune valeur. Mais Kadhafi, même hors de la Libye, cherche à harceler les journalistes qui osent mettre en cause sa politique », a déclaré Alaoui.