(JED/IFEX) – Jean-Denis Lompoto, directeur de publication du bihebdomadaire satirique « Pili-Pili » (« Piment »), paraissant à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC), a été interpellé en sortant d’une conférence de presse, le 19 mars 2004 vers 16h00 (heure locale), à la paroisse Saint Joseph, au quartier Matonge de Kinshasa/Kalamu, par sept inspecteurs judiciaires du […]
(JED/IFEX) – Jean-Denis Lompoto, directeur de publication du bihebdomadaire satirique « Pili-Pili » (« Piment »), paraissant à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC), a été interpellé en sortant d’une conférence de presse, le 19 mars 2004 vers 16h00 (heure locale), à la paroisse Saint Joseph, au quartier Matonge de Kinshasa/Kalamu, par sept inspecteurs judiciaires du Parquet près le tribunal de Grande Instance de Kinshasa/Kalamu.
Les inspecteurs étaient munis d’un mandat d’amener daté du 19 mars et signé par le procureur général. Le journaliste a été conduit au cachot du parquet près le Tribunal de Grande Instance de Kinshasa/Kalamu où il a passé la nuit. Le 20 mars, vers 8h00, il a été transféré au cachot du Parquet général près le Tribunal de Grande Instance de Kinshasa/Gombe.
Dans le mandat d’amener, dont JED a pu se procurer une copie, Lompoto, âgé de 35 ans, et deux de ses collègues, Prosper Dawe et Angwalima (respectivement éditeur-directeur et journaliste à « Pili-Pili »), sont poursuivis pour « diffamation et imputations dommageables » à l’endroit du ministre des Mines, Eugène Diomi Ndongala.
Au moment de son interpellation, Lompoto a été brutalisé et sa chemise déchirée par les inspecteurs judiciaires. Ses deux autres collègues sont entrés en clandestinité depuis.
Le journal « Pili-Pili » a publié, dans son édition N° 11 du 3 mars, un article intitulé « Prédation à la chrétienne. Le ministère des Mines miné par Diomi Ndongala ». Dans cet article, le journal accuse le ministre des Mines de détournement, chaque mois, de la somme de 10 000 $US sur les comptes des entreprises sous tutelle du ministère des Mines, d’avoir effectué un mouvement du personnel destiné « à placer des voleurs qu’il faut à la place qu’il faut » et que ses « requins ont siphonné plus de 22 millions de francs congolais [environ 58 300 $US] en espèces et chèques confondus ».
Selon l’attaché de presse du ministre Diomi Ndongala, contacté le 20 mars par JED à ce sujet, le ministre reproche à « Pili-Pili » une série d’articles le mettant personnellement en cause sans preuves. « Nous voulons que le journaliste nous apporte les preuves de toutes les accusations qu’il porte contre le ministre depuis un temps », a conclu l’attaché de presse.
Le 21 mars, à 7h00, Lompoto a été transféré au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK, ex-prison centrale de Makala). JED a pu rencontrer le journaliste et s’entretenir avec lui, le 21 mars en début d’après-midi, dans sa cellule. Lompoto a dit à JED qu’il a été menotté dans le dos au moment de son transfert au CPRK, qu’il n’a pas été entendu sur procès verbal comme l’exige la loi et que par contre, le magistrat lui a juste demandé s’il connaissait Diomi Ndongala, le ministre des Mines et plaignant.
Sans entrer dans le fond de l’affaire et tout en reconnaissant au ministre Diomi Ndongala le droit légitime de saisir la justice pour obtenir réparation d’un préjudice, JED s’étonne de constater que chaque fois que le plaignant est dépositaire d’une parcelle de pouvoir politique, économique ou militaire et que l’accusé est un journaliste les magistrats congolais procèdent systématiquement à l’arrestation et à l’incarcération du journaliste, ignorant le principe de droit qui dit que « la liberté est le principe et la détention une exception ».
JED demande la libération pure et simple du journaliste Lompoto, car sa détention est entachée de beaucoup d’irrégularités qui mettent à mal l’indépendance de la justice en RDC face aux pouvoirs politiques et d’argent.