(RSF/IFEX) – Le 8 mai 2004, l’Institut des études sur la Corée du Nord, lié aux services de renseignements sud-coréens, a demandé à la radio Free North Korea (diffusée sur Internet) de quitter les locaux qu’elle occupait. Cette décision fait suite à une plainte des autorités de Pyongyang et à des menaces de mort à […]
(RSF/IFEX) – Le 8 mai 2004, l’Institut des études sur la Corée du Nord, lié aux services de renseignements sud-coréens, a demandé à la radio Free North Korea (diffusée sur Internet) de quitter les locaux qu’elle occupait. Cette décision fait suite à une plainte des autorités de Pyongyang et à des menaces de mort à l’encontre des animateurs de la radio.
RSF est préoccupée par les menaces et les pressions subies par les animateurs de Free North Korea, la première radio indépendante animée par des transfuges nord-coréens. L’organisation s’est adressée au ministre de l’Unification, Jeong Se-hyun, pour qu’il intervienne auprès des autorités compétentes afin d’assurer la liberté d’expression de cette radio et la sécurité de ses animateurs. Il est par ailleurs troublant que l’équipe de cette station ait été contrainte de quitter un bâtiment d’une institution liée à l’Etat trois jours seulement après une plainte d’officiels nord-coréens.
Depuis son lancement le 20 avril, la radio sur Internet Free North Korea (http://www.freenk.net) est l’objet de menaces. Régulièrement, des individus, vraisemblablement des Sud-Coréens d’extrême gauche soutenant le régime nord-coréen, ont tenté de perturber les programmes en s’introduisant dans le bâtiment de l’Institut des études sur la Corée du Nord où était hébergée la station. Les vigiles ont dû intervenir à plusieurs reprises. Les animateurs de Free North Korea ont également reçu des menaces de mort par téléphone, e-mail et courrier. Une femme non identifiée a notamment mis en garde à plusieurs reprises les membres de la radio en ces termes : « Traîtres, vous devriez faire attention ».
Le 5 mai, une délégation nord-coréenne s’est plainte officiellement auprès du ministre sud-coréen de la Réunification, Jung Sae-hyun, du lancement du site et de la radio. Le ministre aurait répondu qu’il s’agissait d’un site parmi les dizaines de milliers existant en Corée du Sud. Mais le 8 mai, Kim Chang-soon, directeur de l’Institut des études sur la Corée du Nord, dépendant des services de renseignements sud-coréens, a demandé à Kim Seong-min, directeur de Free North Korea, de quitter dans les meilleurs délais les bureaux qui leur étaient prêtés. Selon lui, cette décision a été prise pour protéger les personnels de cet Institut privatisé dans les années 1990, mais qui reçoit toujours un soutien financier des services secrets sud-coréens (NIS). Certains journaux d’opposition ont affirmé que le directeur de l’Institut avait agi sous la pression des autorités.
L’équipe de Free North Korea a déménagé le 19 mai dans un bureau loué à un propriétaire privé. Les émissions n’ont néanmoins pas été interrompues du fait de ces pressions et menaces.
Kim Seong-min, ancien poète officiel nord-coréen, a lancé cette radio sur Internet avec une demi-douzaine d’autres nord-coréens installés à Séoul. La station, au style très « nord-coréen », diffuse quotidiennement une heure de programmes d’informations sur la situation dans la péninsule, des témoignages de transfuges et dénonce avec virulence le régime stalinien de Pyongyang. Le site revendique 10 000 consultations par jour.