(RSF/IFEX) – Trois radios privées de Toamasina, ville portuaire de la côte est de l’île de Madagascar, ont été fermées par le gouvernement, suite à l’intervention sur leurs ondes de personnalités de l’opposition. Radio Ny Antsika (RNA), Sky FM et Radio Feon’i Toamasina (RFT) n’émettent plus depuis le 10 décembre 2004 et leurs responsables ont […]
(RSF/IFEX) – Trois radios privées de Toamasina, ville portuaire de la côte est de l’île de Madagascar, ont été fermées par le gouvernement, suite à l’intervention sur leurs ondes de personnalités de l’opposition. Radio Ny Antsika (RNA), Sky FM et Radio Feon’i Toamasina (RFT) n’émettent plus depuis le 10 décembre 2004 et leurs responsables ont été convoqués à la gendarmerie pour enquête.
« Nous estimons que la diffusion de ce type d’interviews n’est que l’expression d’une diversité d’opinions qui doit pouvoir exister à Madagascar, de manière à conserver une information libre et pluraliste », a déclaré RSF dans un courrier adressé au ministre des Télécommunications, des Postes et de la Communication, Bruno Ramaroson Andriantavison. « C’est pourquoi nous demandons que ces trois radios puissent recommencer à être diffusées au plus vite et que les émetteurs de la RFT et de la RNA soient restitués par les autorités locales ».
Les trois médias auraient été fermés pour les même motifs : « non-obtention d’une autorisation d’exploitation de la Commission spéciale à la Communication audiovisuelle » et « non-respect des dispositions de l’article 95 de l’Ordonnance n° 92-039 du 14 septembre 1992 sur la Communication audiovisuelle. » L’article 95 concerne notamment les propos à caractère « tribaliste ». Ainsi, dans la lettre adressée à Sky FM pour ordonner sa fermeture, les deux opposants ont été accusés par le ministre Andriantavison de semer le trouble par des « propos tribalistes ».
Après écoute des bandes incriminées, l’Association des journalistes des radios privées (AJRP) a jugé qu’il n’y avait pas matière à exiger une fermeture. L’AJRP rappelle que « la confiscation des matériels et autres actifs d’une radio ne peut avoir lieu qu’en cas de défaillance à s’acquitter des peines pécuniaires prononcées par la justice ». D’autre part, « il appartient à des entités indépendantes et spécialisées de décider de la fermeture de tel ou tel organe de presse, cette décision ne relevant nullement du simple bon vouloir de l’Exécutif ».
Les censures de ces trois radios ne sont pas des actes isolés. En juin dernier, l’ancien ministre, Clermont Gervais Mahazaka, avait ordonné la fermeture de Radio Say, média indépendant connu pour sa liberté de ton. Les interdictions de stations sont très préjudiciables dans un pays où le taux d’analphabétisation est très élevé. La radio y reste la principale source d’information du public.