(RSF/IFEX) – RSF exprime son inquiétude face au climat de haine qui entoure le procès pour « blasphème » du rédacteur en chef du quotidien soudanais « Al-Wifaq », Mohamed Taha Mohamed Ahmed, menacé d’une condamnation à la peine de mort, réclamée à la fois par le parquet et par les milliers de manifestants qui perturbent les audiences. « Cette […]
(RSF/IFEX) – RSF exprime son inquiétude face au climat de haine qui entoure le procès pour « blasphème » du rédacteur en chef du quotidien soudanais « Al-Wifaq », Mohamed Taha Mohamed Ahmed, menacé d’une condamnation à la peine de mort, réclamée à la fois par le parquet et par les milliers de manifestants qui perturbent les audiences.
« Cette sinistre affaire, où un journaliste comparaît devant une cour d’assises soumise à la pression d’une foule chauffée à blanc, est particulièrement préoccupante, a déclaré RSF. Alors qu’il s’efforce de s’extraire de plusieurs années de violence, il serait mal venu que le Soudan mette à mort un journaliste pour un article provoquant une querelle religieuse. Nous exhortons les autorités soudanaises à comprendre que ce spectacle de violence et de haine ne peut qu’envenimer le mauvais climat qui règne depuis trop d’années dans le pays. Les charges portées contre Mohamed Taha Mohamed Ahmed nous paraissent infondées. Les réquisitions du parquet sont totalement disproportionnées et le déroulement du procès est clairement injuste ».
Ahmed, dont le procès s’est ouvert le 4 mai 2005, est jugé pour « blasphème ». Il a été arrêté le 8 au soir sur décision du parquet en charge de la presse. Le lendemain, le parquet a ordonné la suspension de son journal jusqu’à la fin du procès.
De leur côté, des imams de Khartoum avaient appelé les fidèles à se rassembler le 10 mai devant la cour d’assises où le journaliste comparaissait pour une troisième audience. Depuis le début du procès, des milliers de personnes manifestent devant le tribunal et scandent des propos tels que « Mort à l’apostat ». Le 10 mai, les manifestations de la foule étaient telles que l’audience a été interrompue et Ahmed a dû quitter les lieux sous haute escorte policière.
Le 4 mai, le parquet d’un tribunal de Khartoum avait accusé le journaliste d’avoir insulté le prophète Mahomet dans un article publié par le quotidien « Al-Wifaq » et estimé, selon des sources judiciaires, qu’il méritait la peine de mort.
L’article de Ahmed, journaliste et membre du mouvement des Frères musulmans, portait sur un manuscrit islamique vieux de plus de cinq siècles qui soulèverait des doutes sur la généalogie du prophète. Le manuscrit intitulé « L’inconnu dans la vie du prophète » aurait d’abord été écrit par Al-Maqrizi, un historien musulman, et relaterait que le père de Mahomet ne s’appelait pas Abdallah mais Abdel Lat, ou « esclave de Lat », une idole de l’ère pré-islamique.
L’agence de presse Associated Press (AP) a affirmé que, dans une déclaration à la presse, le journaliste avait présenté ses excuses mais continue de réfuter les charges retenues contre lui.