(RSF/IFEX) – « Les méthodes d’intimidation utilisées contre Médecins sans frontières (MSF) au Soudan sont indignes et ridicules », a déclaré RSF, après que la diffusion d’un rapport sur les viols au Darfour a valu à Paul Foreman, directeur de la mission locale de l’organisation humanitaire, une inculpation pour « publication de fausses nouvelles ». Le lendemain, la police […]
(RSF/IFEX) – « Les méthodes d’intimidation utilisées contre Médecins sans frontières (MSF) au Soudan sont indignes et ridicules », a déclaré RSF, après que la diffusion d’un rapport sur les viols au Darfour a valu à Paul Foreman, directeur de la mission locale de l’organisation humanitaire, une inculpation pour « publication de fausses nouvelles ». Le lendemain, la police soudanaise a arrêté Vincent Hoedt, coordinateur régional de MSF au Darfour, apparemment pour les mêmes raisons.
« Si quelqu’un doit être traîné devant un tribunal, ce sont les auteurs de ces violences sexuelles et non des médecins qui s’efforcent de porter secours à leurs victimes et de faire connaître leur détresse, a déclaré RSF. Nous voulons avant tout saluer le courage des employés de MSF, qui, dans des conditions difficiles, rapportent des vérités que le gouvernement ne supporte pas. L’offensive des autorités soudanaises contre les témoins gênants atteint aujourd’hui des proportions inquiétantes. La communauté internationale doit être intraitable, exiger l’abandon inconditionnel des poursuites et des garanties sur le fait que les humanitaires peuvent désormais travailler librement au Soudan. »
Convoqué au ministère de la Justice le 30 mai 2005, Foreman a été inculpé d' »espionnage, publication de faux rapports et atteintes à l’Etat soudanais », après la publication, le 7 mars, par MSF-Hollande, qui coordonne les activités de l’organisation humanitaire au Soudan, d’un rapport intitulé, « The Crushing Burden of Rape. Sexual Violence in Darfur » (« Le fardeau écrasant du viol. Violences sexuelles au Darfour »). Ce document, compilé par les médecins de l’organisation, révèle 500 cas de viols pendant une période de quatre mois et demi dans la région du Darfour (Ouest), où un conflit oppose depuis 2003 une rébellion armée aux forces gouvernementales appuyées par des miliciens.
Après qu’un mandat d’arrêt a été lancé contre lui, Foreman a été longuement interrogé par la police puis relâché sous caution en fin de journée, dans l’attente de son procès. Le procureur général, Mohamed Farid, a expliqué à l’agence Reuters que ce rapport était « faux » et que les autorités soudanaises avaient plusieurs fois demandé à MSF de lui fournir les preuves de la véracité des faits rapportés. Devant le refus de l’ONG de révéler ses sources et de donner accès aux dossiers médicaux de ses témoins, le procureur général a décidé de renvoyer Foreman « devant une cour criminelle, sous l’accusation d’avoir publié de fausses informations qui portent atteinte à l’ordre public ». Le directeur local de MSF encourt une peine allant jusqu’à trois ans de prison et une expulsion définitive du territoire.
« Ce genre de faux rapports porte atteinte à l’image du Soudan », a expliqué le procureur général. Foreman, de son côté, a expliqué qu’il était prêt à affronter le gouvernement devant un tribunal, mais qu’en aucun cas, il ne révélerait ses sources.
Le 31 mai, Hoedt, coordinateur régional de l’organisation dans la région, a été arrêté dans le sud du Darfour. Il a été interpellé par la police soudanaise à Nyala (sud du Darfour) et transféré à Khartoum. On ignore encore quelles charges ont été retenues contre lui.
Le 6 janvier, l’organisation humanitaire Aide de l’église norvégienne avait annoncé que cinq de ses membres avaient été arrêtés dans la région du Darfour. Les cinq employés avaient été interpellés et inculpés après avoir filmé les témoignages de femmes violées et des corps extraits de fosses communes.