(RSF/IFEX) – RSF est extrêmement préoccupée par les conséquences pour la liberté de la presse d’une ordonnance sécuritaire adoptée par le gouvernement de l’Etat du Chhattisgarh (centre du pays). Elle permettrait d’emprisonner, pour des périodes allant d’un à trois ans, des journalistes qui auraient couvert les activités des maoïstes. « On ne lutte pas contre une […]
(RSF/IFEX) – RSF est extrêmement préoccupée par les conséquences pour la liberté de la presse d’une ordonnance sécuritaire adoptée par le gouvernement de l’Etat du Chhattisgarh (centre du pays). Elle permettrait d’emprisonner, pour des périodes allant d’un à trois ans, des journalistes qui auraient couvert les activités des maoïstes.
« On ne lutte pas contre une rébellion armée en empêchant les journalistes d’en parler. En imposant un black-out de l’information sur le mouvement maoïste, le gouvernement du Chhattisgarh commet une grave violation de la liberté de la presse. Si cette ordonnance est adoptée en l’état, elle empêchera toute couverture indépendante de la situation dans les régions touchées par les affrontements avec la rébellion maoïste, a affirmé RSF. Nous demandons au gouverneur du Chhattisgarh et au président de l’Union indienne de ne pas approuver cette ordonnance au nom du respect de la Constitution qui garantit la liberté d’expression ».
L’ordonnance spéciale sur la sécurité des personnes, adoptée par le gouvernement de l’Etat du Chhattisgarh le 5 septembre 2005, interdit les activités du Parti communiste indien – Maoïste (CPI-M), en guerre depuis 1980, et de 32 autres organisations promaoïstes. La liste n’est pas encore publique, mais elle pourrait inclure des médias. Ce projet d’ordonnance va être transmis au gouverneur de l’Etat, Sushil Kumar Shinde, puis au président de l’Union indienne, pour ratification.
Lors d’une conférence de presse tenue le même jour par le ministère de l’Intérieur et le chef de la police du Chhattisgarh pour présenter la loi, le premier a menacé de faire arrêter les journalistes qui intervieweraient des maoïstes, de fermer ou de saisir les propriétés des médias jugés favorables aux rebelles.
Le 1er septembre, Baliram Kashyap, député du Bharatiya Janata Party (BJP, au pouvoir dans l’Etat du Chhattisgarh), avait déclenché une polémique après qu’un journal local avait rapporté ses propos affirmant en présence de journalistes qu’il fallait « tuer les reporters qui glorifiaient les maoïstes ». Ce politicien nationaliste avait déclaré dans les jours suivants que le gouvernement devait emprisonner les journalistes qui se rendaient dans les zones contrôlées par les maoïstes, également appelés naxalites.
Cette ordonnance et ces déclarations interviennent quelques jours après un attentat attribué aux maoïstes qui a coûté la vie à 24 policiers indiens.
Plusieurs journalistes de Raipur ont déclaré à RSF que ce projet de loi était un coup très sérieux à la liberté d’expression. « Les journalistes qui travaillent dans les zones où les maoïstes sont actifs subissent une pression énorme de la part des forces de sécurité », a expliqué Ruchir Garg, correspondant de la chaîne nationale Sahara.
Alok Putul, directeur du quotidien régional « Deshbandhu », a rappelé à RSF qu’en 2004, l’actuel ministre de l’Intérieur avait déjà ordonné à la police d’empêcher par tous les moyens la diffusion d’informations sur les maoïstes.