(RSF/IFEX) – Les suspensions de journaux, convocations, condamnations à des peines de prison et agressions de journalistes sont devenues monnaie courante au Yémen. « Nous dénonçons cette vague de répression régulière contre la presse, qui crée un climat d’intimidation extrêmement préjudiciable pour le travail des journalistes », a déclaré l’organisation. « Nous sommes extrêmement inquiets des récentes condamnations […]
(RSF/IFEX) – Les suspensions de journaux, convocations, condamnations à des peines de prison et agressions de journalistes sont devenues monnaie courante au Yémen.
« Nous dénonçons cette vague de répression régulière contre la presse, qui crée un climat d’intimidation extrêmement préjudiciable pour le travail des journalistes », a déclaré l’organisation.
« Nous sommes extrêmement inquiets des récentes condamnations prononcées à l’égard de journalistes connus pour leur professionnalisme et leur liberté de ton. Le code pénal qui régit la presse au Yémen doit être impérativement modifié, Le président yéménite, Ali Abdallah Saleh, n’a, par ailleurs, toujours pas respecté ses promesses de dépénalisation des délits de presse, faites en juin 2004, » a ajouté Reporters sans frontières.
Le tribunal de grande instance du sud-ouest de Sanaa a condamné, le 19 novembre 2005, le journal d’opposition « Al Thawra » à une amende de 950 000 rials yéménites (environ 4 400 euros) et interdit de publication les journalistes Fikri Kassem et Salah El Din Al Dakkak pour une période de six mois. Le journal a également été condamné à payer la somme de 500 000 mille riyals (environ 2 300 euros) ainsi qu’à publier des excuses au plaignant, Mohamed Taher Naji, trésorier de la ville de Taizz.
Le tribunal de grande instance de Sanaa a suspendu, le 27 novembre, le journal d’opposition « Tagammu » pour « sectarisme » et « atteinte à l’image de l’islam ». Abdel Rahman Abdullah, rédacteur en chef de l’hebdomadaire, et Abdul Rahman Saeed, auteur de l’article en cause, ont également été condamnés à une amende de 220 euros chacun et interdits de publication pour une période d’une année. L’article incriminé, paru en septembre 2004, comparait la situation politique actuelle aux luttes politiques qu’avaient traversées le pays en 1968.
Plusieurs journalistes ont également été agressés ou menacés ces derniers mois après avoir enquêté sur des affaires de corruption ou des sujets dits « sensibles » qui touchent le président Ali Abdallah Saleh ou son entourage.
Nabil Sabaie, journaliste d’opposition, a été attaqué le 12 novembre, à Sanaa, par un groupe d’hommes armés qui l’ont bousculé puis poignardé aux deux épaules.
Moujib Soueileh, cameraman pour la chaîne satellitaire arabe Al-Arabiya, a été harcelé et frappé par la police le 20 octobre, à Sanaa, alors qu’il réalisait un reportage sur une manifestation d’ouvriers d’une usine de textile réclamant le paiement de leurs arriérés de salaire.
Khaled El Hammadi, correspondant du quotidien arabe basé à Londres « Al-Quds el Arabi », a été détenu par la police yéménite le 31 août, pendant plus de 30 heures, après avoir enquêté sur les circonstances de crashs de plusieurs avions militaires au Yémen.
Jamal Amer, rédacteur en chef de l’hebdomadaire indépendant « Al-Wassat », a été enlevé et tabassé par des hommes armés dans la nuit du 22 au 23 août.
Munif Damesh et Naif Damesh, fixer et chauffeur de journalistes étrangers, ont été arrêtés le 3 avril, et détenus pendant plus d’un mois sans avoir le droit de contacter ni leur famille ni un avocat.
Le syndicat des journalistes yéménites a plusieurs fois exprimé son inquiétude sur ces atteintes à la liberté de la presse. Son secrétaire général, Hafez El-Bukari, a démissionné, le 27 novembre, en signe de protestation à l’égard du gouvernement et de certains partis politiques qui « tentent de marginaliser le rôle du syndicat, » a-t-il déclaré.