(ARTICLE 19/IFEX) – Ci-dessous, une lettre ouverte d’ARTICLE 19 au président gabonais Bongo Ondimba, datée du 30 novembre 2005 : M. Omar Bongo Ondimba, Président de la République gabonaise Monsieur le Président, Suite à votre réélection à la présidence de la République du Gabon, ARTICLE 19 tient à vous encourager à tout mettre en oeuvre […]
(ARTICLE 19/IFEX) – Ci-dessous, une lettre ouverte d’ARTICLE 19 au président gabonais Bongo Ondimba, datée du 30 novembre 2005 :
M. Omar Bongo Ondimba,
Président de la République gabonaise
Monsieur le Président,
Suite à votre réélection à la présidence de la République du Gabon, ARTICLE 19 tient à vous encourager à tout mettre en oeuvre afin de protéger et garantir la liberté d’expression et d’information au Gabon.
Le Gabon a ratifié en 1986 la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples dont l’article 9 garantit la liberté d’expression. L’article 1er de la constitution de 1991 de la République du Gabon la garantit en ces termes: « La liberté de conscience, de pensée, d’opinion, d’expression, de communication, la libre pratique de la religion, sont garanties à tous, sous réserve du respect de l’ordre public ».
Cependant, malgré l’existence d’un conseil national de la communication, toutes ces dispositions s’avèrent être insuffisantes pour garantir une véritable liberté d’expression.
ARTICLE 19 est particulièrement préoccupé par les problèmes suivants: les médias publics sont des médias d’Etat et ne fonctionnent donc pas indépendamment des instances politiques; les médias privés sont suspendus trop fréquemment, comme l’illustre la suspension au mois d’Août dernier du journal « Nku’u Le Messager »; la diffamation continue d’être considéré comme un délit criminel en contradiction avec l’évolution et les bonnes pratiques internationales; les dispositions légales visant à garantir un égal accès à l’information n’ont toujours pas été établies.
Par exemple, au cours de la récente campagne électorale, plusieurs opposants ont été empêchés de faire campagne, et les populations ont été privées d’informations complètes pourtant indispensables au bon déroulement d’une élection démocratique.
Alors que plusieurs pays africains mettent aujourd’hui en ?uvre des législations sur l’accès à l’information (Afrique du Sud, Ouganda), ARTICLE 19 vous invite à prendre des mesures fermes. Faire respecter la liberté d’expression et garantir un égal accès à l’information est nécessaire au fonctionnement d’une démocratie.
Nous vous enjoignons ainsi à agir dans ce sens en:
* Mettant fin à la censure qui pèse sur les médias privés et les voix dissidentes au gouvernement;
* Tolérant la critique et décriminalisant la diffamation;
* Prenant des dispositions légales reconnaissant et favorisant l’égal accès à l’information;
* Transformant les médias d’Etat en médias de service public.
Notre organisation se tient de plus à votre disposition pour guider une telle mise en place.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma haute considération.
Agnès Callamard
Executive Director