(ARTICLE 19/IFEX) – Ci-dessous, une lettre d’ARTICLE 19 au président de la République centrafricaine Elie Dote datée du 12 décembre 2005 : M. Elie Dote, Premier ministre de la République centrafricaine Londres, le 12 décembre 2005, Monsieur le Premier Ministre, ARTICLE 19 est gravement préoccupé par l’attitude de la République centrafricaine vis-à-vis des médias et […]
(ARTICLE 19/IFEX) – Ci-dessous, une lettre d’ARTICLE 19 au président de la République centrafricaine Elie Dote datée du 12 décembre 2005 :
M. Elie Dote, Premier ministre de la République centrafricaine
Londres, le 12 décembre 2005,
Monsieur le Premier Ministre,
ARTICLE 19 est gravement préoccupé par l’attitude de la République centrafricaine vis-à-vis des médias et de la liberté d’expression.
La récente déclaration du Ministre de la Communication par intérim, Fidel Gouandjika, le 29 octobre, parlant de « réinstaurer la censure en vue d’éduquer les journalistes » exprime en effet une menace directe vis à vis de la liberté de la presse. Malgré des excuses publiques présentées le 14 novembre, de telles remarques sont très inquiétantes.
ARTICLE 19 tient à vous rappeler que la RCA a ratifié la Charte africaine sur les droits de l’homme et des peuples en 1986. Sa nouvelle constitution de 2004, reconnaît dans son Article 13 que « la liberté d’informer, d’exprimer et de diffuser ses opinions [. . .] est garantie », tout comme la liberté de presse et l’égal accès aux médias. La liberté d’expression est en effet un droit fondamental essentiel au bon fonctionnement d’une démocratie et au développement.
Cependant, les dispositifs légaux en place en RCA ne sont pas suffisants pour garantir la liberté d’expression. ARTICLE 19 dénonce ainsi : La censure récurrente du gouvernement à l’encontre des médias et de toutes les formes de la liberté d’expression. Après la déclaration du 29 octobre, notre organisation s’alarme du nouvel arrêté, du 6 décembre 2005, pris à l’encontre des musiciens et de leur liberté de ton. L’interdiction faites aux radios et télévisions de diffuser des chansons pouvant soi-disant nuire au développement met gravement en danger la liberté d’expression en Centrafrique. Les propos diffamatoires tenus par M. Gouandjika assimilant la « Radio Ndeke Luka » à la « radio des milles collines ». Les menaces proférées contre les journalistes. Zéphirin Kaya et Patrick Akibata ont été en Mai 2005 menacé de mort plusieurs fois par des membres de la garde présidentielle.
ARTICLE 19 se joint à la Fondation Hirondelle pour demander à votre gouvernement de mettre fin immédiatement à cette attitude menaçante vis-à-vis des médias et vous enjoint de respecter et garantir une liberté d’expression sans entrave.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de ma haute considération.
Agnès Callamard
Executive Director