(RSF/IFEX) – Le 18 décembre 2005, cela faisait trois mois que la jeune photojournaliste Jennifer Latheef a été placée en détention après avoir été condamnée à dix ans de prison pour « acte terroriste ». Jennifer Latheef est incarcérée dans des conditions difficiles dans la prison de l’île de Maafushi, située à une vingtaine de kilomètres au […]
(RSF/IFEX) – Le 18 décembre 2005, cela faisait trois mois que la jeune photojournaliste Jennifer Latheef a été placée en détention après avoir été condamnée à dix ans de prison pour « acte terroriste ».
Jennifer Latheef est incarcérée dans des conditions difficiles dans la prison de l’île de Maafushi, située à une vingtaine de kilomètres au sud de Malé. Elle est enfermée dans une petite cellule insalubre dans un bâtiment où sont mélangés prisonniers de droit commun et détenus politiques. Les toilettes de la cellule sont bouchées, provoquant une odeur insupportable, et elle n’a pas accès à de l’eau potable et au traitement dont elle a besoin quotidiennement afin de réguler son taux de glycémie.
Depuis sa cellule, la photojournaliste du quotidien « Minivan » a rassemblé les prisonniers pour obtenir des améliorations des conditions de détention. Elle essaye également de mettre en place des cours de sport afin d’éviter les problèmes de santé qui résultent de longs enfermements.
Régulièrement, Jennifer Latheef est insultée par d’autres détenus. De la nourriture avariée et des pierres ont également été jetées dans sa geôle. Début novembre, elle a fait parvenir à ses proches un texte intitulé « La solution », écrit dans sa cellule. Jennifer Latheef affirme notamment : « Le manque de liberté d’expression nous a rendue incapables d’articuler et de se prononcer pour les droits des autres. Mais cette répression nous rend également incapables de comprendre et de défendre nos propres droits. »
Afin de l’empêcher de faire appel, les autorités refusent de délivrer à la famille de Jennifer Latheef l’acte du jugement. La loi maldivienne donne 90 jours à un condamné pour déposer une demande.
Friends of Maldives et Reporters sans frontières ont lancé une campagne internationale pour sa libération immédiate.
Friends of Maldives a choisi de faire pression sur le gouvernement maldivien en ciblant sa campagne sur l’industrie du tourisme (500 000 touristes se rendent chaque année aux Maldives). L’organisation a distribué plus de 3 000 dépliants sur le cas de Jennifer Latheef pendant la Foire internationale du voyage à Londres.
Par ailleurs, Friends of Maldives a lancé, le 10 décembre 2005, une campagne de « Boycott sélectif de resorts » maldiviens. L’organisation appelle les touristes à ne pas se rendre dans les installations contrôlées par des proches du gouvernement. La liste de ces resorts à éviter est disponible sur http://www.friendsofmaldives.org
Plus de 800 personnes ont déjà signé la pétition en faveur de la libération de Jennifer Latheef sur le site de Reporters sans frontières (http://www.rsf.org/article.php3?id_article=15623).
Une campagne d’affichage intitulée « Les dictatures paradisiaques » a été lancée à Paris le 21 novembre. Plus de 500 affiches ont été placardées dans les rues de la capitale française dénonçant le sort réservé à Jennifer Latheef.
Des médias internationaux, notamment « Marie-Claire » (Espagne) et le magazine « Photo » (France), ont accepté de parrainer Jennifer Latheef. Ils s’engagent à publier des articles sur son cas et intervenir auprès des autorités pour sa libération.
Enfin, Friend of Maldives a adressé un courrier aux 700 membres du Parlement britannique leur demandant de prendre une position plus ferme à l’encontre du gouvernement du président Abdul Gayoom. Le ministère des Affaires étrangères britannique a engagé de nouvelles initiatives diplomatiques pour obtenir la libération des prisonniers d’opinion.
Dr Kim Howells, ministre britannique notamment en charge de l’Asie du Sud, a récemment déclaré au Parlement : « Les procès de Mohamed Nasheed et Jennifer Latheef semblent avoir des motivations politiques. »