(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières est inquiète de l’impunité dont bénéficie le gouvernement gambien, alors qu’il maintient illégalement en détention, depuis une semaine, Madi Ceesay et Musa Saidykhan, respectivement directeur général et rédacteur en chef du bihebdomadaire privé « The Independent ». L’organisation a envoyé un courrier aux ambassades britannique, américaine et française à Banjul, le 4 […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières est inquiète de l’impunité dont bénéficie le gouvernement gambien, alors qu’il maintient illégalement en détention, depuis une semaine, Madi Ceesay et Musa Saidykhan, respectivement directeur général et rédacteur en chef du bihebdomadaire privé « The Independent ».
L’organisation a envoyé un courrier aux ambassades britannique, américaine et française à Banjul, le 4 avril 2006, pour leur demander « d’intervenir auprès des autorités de manière urgente, afin d’obtenir la libération de ces deux journalistes ». « Au regard du droit gambien, leur détention est illégale », ajoute Reporters sans frontières, qui rappelle que des charges doivent être retenues contre un détenu dans un délai maximum de 72 heures.
Les deux journalistes ont été arrêtés le 28 mars 2006, lors d’une rafle du personnel du journal par la brigade criminelle, appuyée par la Police Intervention Unit, une unité d’élite des forces de sécurité. Depuis cette date, les bureaux de « The Independent » ont été fermés et le journal n’a pas reparu. Madi Ceesay et Musa Saidykhan, détenus dans un premier temps au commissariat de Banjul, ont été transférés le 31 mars au quartier général de la National Intelligence Agency (NIA, les services de renseignements). Les deux journalistes n’ont été autorisés à voir ni leur avocat, ni leur famille. La direction de la Gambia Press Union (GPU), le principal syndicat de journalistes dont Madi Ceesay est le président, n’a obtenu aucune information sur les raisons de leur détention, malgré ses démarches auprès du directeur général adjoint de la NIA et du secrétaire d’Etat à l’Information, Neneh Macdouall Gaye.
Selon une source locale ayant requis l’anonymat, Madi Ceesay et Musa Saidykhan auraient été arrêtés suite à la publication, dans l’édition de « The Independent » du 24 mars, d’une liste de vingt-trois personnalités supposément arrêtées après le coup d’Etat avorté du 21 mars. Parmi elles figurait Samba Bah, ancien ministre de l’Intérieur et ancien directeur de la NIA. Furieux de la publication de cette information, qui manifestement était fausse, ce dernier a catégoriquement démenti auprès du journal avoir jamais été arrêté. Sa protestation a été publiée dans l’édition de « The Independent » du 27 mars, sous le titre « Je n’ai pas été arrêté », accompagnée par les excuses de la direction du journal. La NIA chercherait à savoir qui a livré le nom de son ancien directeur comme étant l’un des supposés comploteurs du 21 mars.
Dans son courrier aux ambassades occidentales, l’organisation fait également part de sa préoccupation face au « climat de peur que font régner les autorités gambiennes sur la presse privée » depuis quelques années.