(RSF/IFEX) – Le 9 avril 2006, Mohamed Yushau, correspondant du journal d’opposition « Minivan » dans le sud du pays, a été arrêté par la police et incarcéré à la prison de Dhoonidhoo (près de Malé). Il est accusé d’avoir refusé de se présenter à une convocation de la police. De son côté, Musa Ismael, reporter de […]
(RSF/IFEX) – Le 9 avril 2006, Mohamed Yushau, correspondant du journal d’opposition « Minivan » dans le sud du pays, a été arrêté par la police et incarcéré à la prison de Dhoonidhoo (près de Malé). Il est accusé d’avoir refusé de se présenter à une convocation de la police. De son côté, Musa Ismael, reporter de « Minivan » sur l’atoll de Faafu (Centre), est harcelé par les autorités. Il redoute d’être arrêté.
Un autre journaliste de « Minivan », Abdullah Saeed, est détenu à la prison de Maafushi (sud de la capitale) depuis le 27 mars. Enfin, Jennifer Latheef, photoreporter de « Minivan », est assignée à résidence après avoir été condamnée à dix ans de prison pour « activités terroristes ».
Reporters sans frontières est très préoccupée par les arrestations et le harcèlement à l’encontre des journalistes de « Minivan ». « Les médias indépendants et d’opposition n’ont pas à subir de telles entraves dans l’exercice de leur métier de la part des services de sécurité. C’est contraire aux engagements du gouvernement précisés dans sa récente feuille de route vers la démocratie », a déclaré Reporters sans frontières.
L’organisation demande la libération de Mohamed Yushau, la fin du harcèlement à l’encontre des journalistes de « Minivan », et notamment Musa Ismael, et un procès juste et équitable pour Abdullah Saeed.
Mohamed Yushau, journaliste et militant du Parti démocratique maldivien, a été arrêté par la police qui en a informé sa famille le 11 avril. Il a rédigé de nombreux articles sur les conditions de vie des Maldiviens, notamment des pêcheurs de l’atoll de Thinadhoo.
Musa Ismael, correspondant accrédité de « Minivan » à Faafu (sud-ouest de Malé), a été convoqué à plusieurs reprises par les autorités. Il a déclaré aux responsables de « Minivan » qu’il craignait d’être arrêté.
Abdullah Saeed, plus connu sous le nom de Fahala, purge une peine de deux mois de prison pour avoir refusé de procéder à un test d’urine. Il est par ailleurs poursuivi pour possession et trafic de drogue. La police affirme avoir trouvé des narcotiques dans ses vêtements lorsqu’il s’est rendu dans un commissariat de police. D’après « Minivan », cette accusation n’est qu’un faux prétexte. Il risque la prison à vie.
Au vu des derniers développements du procès d’Abdullah Saeed, Reporters sans frontières redoute que les accusations lancées contre le journaliste de « Minivan » ne soient utilisées pour le faire taire. Le 13 avril, lors d’une audience, le journaliste est apparu en uniforme de prisonnier et menotté. Selon plusieurs observateurs, le juge, qui souhaite rester anonyme, entrave les droits de la défense. De son côté, l’avocat du journaliste, sur la base de la chronologie de l’arrestation de son client, a démontré que la police avait monté de toutes pièces cette affaire de stupéfiants. Lors d’une première fouille, les policiers n’avaient rien trouvé dans les vêtements du journaliste. Quelques minutes plus tard, un policier avait « découvert » de la drogue après avoir obligé Abdullah Saeed à se déshabiller. Cette deuxième fouille s’était réalisée sans la présence de l’avocat du journaliste et alors que celui-ci avait le dos tourné.
Enfin, Jennifer Latheef, assignée à résidence à son domicile de Malé depuis le 21 décembre 2005, est toujours l’objet de visites menaçantes de représentants des autorités pénitentiaires et de convocations intempestives de la justice pour son procès en appel. Les autorités n’ont pas encore répondu à sa demande de quitter le pays pour se faire soigner. La journaliste souffre de douleurs à la colonne vertébrale suite à des coups reçus lors de sa première arrestation.
« Minivan », qui était à l’origine uniquement diffusé sur Internet (http://minivannews.com), a reçu l’autorisation d’être imprimé en juillet 2005. Son imprimeur ayant cessé de le mettre sous presse fin août, suite à des pressions politiques, il n’est aujourd’hui distribué dans l’archipel que sous forme de photocopies. Au moins six collaborateurs sont sous le coup de plaintes.