(RSF/IFEX) – Le Département des élections a ordonné au Parti démocrate de Singapour (SDP), le 26 avril 2006, de retirer un podcast de son site Internet. Cette décision intervient à une dizaine de jours des élections législatives. Reporters sans frontières dénonce une politique de plus en plus liberticide du gouvernement singapourien en matière d’Internet. « Une […]
(RSF/IFEX) – Le Département des élections a ordonné au Parti démocrate de Singapour (SDP), le 26 avril 2006, de retirer un podcast de son site Internet. Cette décision intervient à une dizaine de jours des élections législatives. Reporters sans frontières dénonce une politique de plus en plus liberticide du gouvernement singapourien en matière d’Internet.
« Une nouvelle forme de contestation est en train de voir le jour dans le pays, à travers les blogs et Internet. Les internautes singapouriens, utilisateurs avertis de nouvelles technologies, osent dire sur le Net ce qu’ils n’ont jamais pu lire dans les journaux locaux. Les podcasts sont par ailleurs la seule façon d’écouter les discours des responsables de l’opposition, qui ont très peu l’occasion de s’exprimer publiquement. Nous exprimons notre solidarité aux internautes et bloggers qui se battent pour la liberté d’expression à Singapour », a déclaré l’organisation.
Ce fichier audio ( toujours accessible sur http://www.sgdemocrat.org/radioSDP/GE2006_PC1.mp3 et dont la transcription est publiée sur le blog http://www.singabloodypore.blogspot.com ) contient un discours de Chee Soon Juan, leader du SDP, dans lequel il accuse le gouvernement et son Premier ministre Lee Hsien Loong de « saboter sa campagne électorale » et de vouloir « entraîner la chute de son parti » en le privant de tout moyen de communication avec son électorat.
Chee Soon Juan affirme être suivi, observé et menacé en permanence par la police. II indique également ne pas être autorisé à prononcer de discours en public. L’avocat du SDP considère que l’interdiction des podcasts est « anticonstitutionnelle », même en période électorale.
Reporters sans frontières avait dénoncé, début avril, une nouvelle réglementation concernant Internet adoptée par le gouvernement. Celle-ci oblige notamment les sites défendant ouvertement une ligne politique à s’enregistrer auprès de l’Autorité de développement des médias (MDA). En période de campagne électorale, même les sites dûment enregistrés doivent désormais s’abstenir de publier des commentaires politiques. Le gouvernement justifie ces dispositions par la volonté d’organiser une campagne électorale « responsable ».
Les médias traditionnels apportant un soutien sans faille au Parti de l’action du peuple, au pouvoir depuis l’indépendance de la cité-Etat, en 1959, Internet est le seul espace public où pourrait se tenir un vrai débat démocratique.