(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières demande au Premier ministre pakistanais Shaukat Aziz de suivre les recommandations des organisations pakistanaises de journalistes suite à l’assassinat du reporter Hayatullah Khan. « Nous soutenons la proposition d’une commission d’enquête dirigée par une personnalité indépendante et incluant au moins un journaliste, afin d’éclaircir les circonstances de l’enlèvement et de la […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières demande au Premier ministre pakistanais Shaukat Aziz de suivre les recommandations des organisations pakistanaises de journalistes suite à l’assassinat du reporter Hayatullah Khan.
« Nous soutenons la proposition d’une commission d’enquête dirigée par une personnalité indépendante et incluant au moins un journaliste, afin d’éclaircir les circonstances de l’enlèvement et de la mort d’Hayatullah Khan. Si ce meurtre reste impuni, c’est toute la profession qui sera en droit de considérer l’Etat comme un ennemi des journalistes d’investigation », a déclaré l’organisation. Reporters sans frontières rappelle qu’un autre journaliste pakistanais, Munir Mengal, directeur de la chaîne en baloutche Baloch Voice, a été enlevé, le 7 avril 2006, par des agents des services secrets à l’aéroport international de Karachi. « Le sort réservé à Hayatullah Khan nous fait craindre aujourd’hui pour la vie de Munir Mengal. Nous demandons sa libération immédiate », a conclu l’organisation.
Le 19 juin 2006, une délégation de journalistes de Peshawar a rencontré le gouverneur de la Province de la Frontière du Nord-Ouest, le lieutenant-général Muhammad Jan Aurakzai, pour lui demander d’inclure un journaliste dans l’équipe chargée d’enquêter sur l’assassinat d’Hayatullah Khan. Le gouverneur a refusé.
La veille, lors d’une conférence de l’organisation South Asia Free Media Association (SAFMA) à Karachi (Sud), le Premier ministre Shaukat Aziz avait déclaré qu’une enquête judiciaire, dirigée par un juge de la Haute cour de Peshawar, avait déjà été lancée et que le gouvernement allait offrir une compensation financière à la famille de Hayatullah Khan. Le chef du gouvernement a qualifié l’annonce de la mort du journaliste de « malheureuse et perturbante ».
Le même jour, plus de 800 habitants avaient participé à un rassemblement dans la région tribale de Bajaur en lançant des slogans tels que « Nous voulons la liberté de la presse », « Nous demandons la protection des journalistes des zones tribales » et « Arrêtez les assassins de Hayatullah ».
Le 17 juin, près de 5000 personnes avaient assisté aux funérailles de Hayatullah Khan. Le journaliste laisse derrière lui une veuve et trois enfants en bas âge. Le même jour, à Islamabad, des journalistes et des membres de l’opposition avaient quitté le Parlement en signe de protestation contre l’assassinat du reporter. Ils s’étaient rendus devant les résidences du Premier ministre et du Président en scandant: « Assassin, assassin, le gouvernement est l’assassin. »
Le ministre de l’Intérieur, Aftab Khan Sherpao, a déclaré que les autorités « mettraient tout en oeuvre afin de punir les responsables de cet acte barbare ». Il a également rencontré des journalistes et leur a garanti que les services secrets pakistanais n’avaient pas kidnappé Hayatullah Khan. Le ministre a affirmé que les forces de sécurité avaient tout fait pour le retrouver vivant.