(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières proteste contre le sort réservé au directeur du journal « Ebonyi Voice », Imo Eze, et à l’un de ses journalistes, Oluwole Elenyinmi, maintenus en détention depuis leur première comparution, le 14 juin 2006, suite à une plainte du gouverneur de l’Etat d’Ebonyi (Sud-Est). Le juge chargé d’instruire leur affaire a énoncé […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières proteste contre le sort réservé au directeur du journal « Ebonyi Voice », Imo Eze, et à l’un de ses journalistes, Oluwole Elenyinmi, maintenus en détention depuis leur première comparution, le 14 juin 2006, suite à une plainte du gouverneur de l’Etat d’Ebonyi (Sud-Est). Le juge chargé d’instruire leur affaire a énoncé des conditions ardues pour leur remise en liberté provisoire.
« Pour que la justice soit réellement équitable, la Haute Cour de l’Etat d’Ebonyi doit énoncer des conditions de remise en liberté provisoire réalistes. Les deux journalistes incarcérés sont apparemment victimes d’un retour de flamme, après la rupture des liens unissant l’un d’eux au gouverneur. La justice ne devrait pas être instrumentalisée pour servir la soif de revanche d’hommes politiques puissants, particulièrement lorsque, du fait d’une législation obsolète et inadaptée, les journalistes risquent des peines de prison », a déclaré Reporters sans frontières.
Suite à la publication, le 16 avril, dans le quotidien « Ebonyi Voice », d’un article intitulé « Is Ebonyi A Failed State? » (« L’Etat d’Ebonyi est-il en faillite ? »), les deux journalistes ont été inculpés par un tribunal d’Abakaliki, capitale de l’Etat d’Ebonyi, pour « conspiration », « sédition » et « diffamation » à l’encontre du gouverneur Sam Ominyi Egwu. Le journal accusait le gouvernement provincial de mauvaise gestion et de corruption. Deux jours plus tard, la police et les services de renseignements intérieurs (State Security Services, SSS) sont venus questionner Imo Eze et son équipe. Selon le directeur d' »Ebonyi Voice », interrogé par le quotidien national « The News » le 23 mai, les visites des enquêteurs se sont multipliées les jours suivants. Le journaliste a également affirmé avoir reçu des appels anonymes menaçant de le tuer pour avoir critiqué le gouverneur.
Les deux journalistes ont comparu une première fois le 14 juin. Le juge a conditionné leur mise en liberté provisoire au paiement d’une caution de 50 000 nairas (314 euros) chacun et à la caution morale d’une personnalité ayant le rang de Secrétaire permanent, un haut fonctionnaire de l’Etat, ou de son équivalent, résidant dans la juridiction de la cour. Or, cette deuxième disposition est particulièrement difficile à satisfaire, étant donnée la situation des journalistes par rapport au gouverneur, et singulièrement celle d’Imo Eze, qui est son ancien attaché de presse.
Leur avocat, Gilbert Ngele, a introduit un recours auprès de la Haute Cour de l’Etat, en demandant des conditions de remise en liberté provisoire plus acceptables. Dans l’attente de l’arrêt de la plus haute juridiction provinciale, les deux journalistes sont emprisonnés à la prison fédérale d’Abakaliki.