(JED/IFEX) – Ci-dessous, une déclaration de JED datée du 10 août 2006: Journaliste en danger (JED) a lu, avec grande stupéfaction, le communiqué du Bureau de la Haute Autorité des Médias (HAM) paru, jeudi 10 août 2006, dans la presse de Kinshasa et portant notamment sur l’interdiction des émissions à téléphone ouvert et des reportages […]
(JED/IFEX) – Ci-dessous, une déclaration de JED datée du 10 août 2006:
Journaliste en danger (JED) a lu, avec grande stupéfaction, le communiqué du Bureau de la Haute Autorité des Médias (HAM) paru, jeudi 10 août 2006, dans la presse de Kinshasa et portant notamment sur l’interdiction des émissions à téléphone ouvert et des reportages en direct des manifestations publiques.
Dans ce communiqué, signé par son président M. Modeste Mutinga et qui fait suite à une « réunion extraordinaire » du bureau de la HAM tenue le mercredi 9 août, on peut lire notamment que » . . . dans le but ultime de sauvegarder la paix et la concorde nationale pendant la période électorale . . . les émissions politiques à téléphone ouvert restent suspendues jusqu’à nouvel ordre » et que « les reportages en direct et des faux directs des marches populaires ou toute autre manifestation publique à caractère politique restent également suspendus ».
Tout en partageant le souci de l’instance de régulation des médias de sauvegarder la paix et la concorde nationale pendant la période électorale, JED s’inquiète des menaces que font peser ces mesures sur la liberté de la presse et qui rappelle la suspension cavalière, le 1er juillet 2005, par la même Haute Autorité des Médias de la chaîne privée RAGA TV au motif d’avoir fait un reportage en direct sur les manifestations de rue à Kinshasa le 30 juin 2005.
En effet, la Constitution de la République Démocratique du Congo en ses articles 23 et 24 garantit la liberté d’expression ainsi que le droit de toute personne à l’information. Ces droits ne sont limités, au terme de la même constitution, que par le souci du respect de la loi, de l’ordre public, des bonnes moeurs et des droits d’autrui.
Par ailleurs, l’article 8 de la loi N°002/96 du 22 juin 1996 fixant les modalités de l’exercice de la liberté de la presse affirme que « Toute personne a droit à la liberté d’opinion et d’expression. Par cette liberté d’opinion et d’expression, il faut entendre le droit d’informer, d’être informé, d’avoir ses opinions, ses sentiments et de les communiquer sans aucune entrave, quel que soit le support utilisé, sous réserve du respect de la loi, de l’ordre public, des droits d’autrui et des bonnes moeurs ».
En conséquence de ce qui précède, JED dénonce toute nouvelle tentative d’embrigadement des médias congolais en cette période électorale alors même que toute la presse internationale présente en RDC a la latitude de couvrir tous les événements qui s’y déroulent.
Pour JED:
Primo, les manifestations publiques à caractère politiques et les marches populaires, autorisées ou non, constituent, même en période électorale, des évènements d’intérêt public susceptibles d’être couverts et traités par les médias. La manière de traiter ces évènements (direct, faux direct, flash, etc.) ne saurait en aucune façon relever de la compétence d’un gouvernement ou d’une institution publique fut-elle l’instance de régulation des médias;
Secundo, aucune loi en RDC n’interdit les reportages en direct et les faux directs. Par conséquent, le communiqué de la HAM du 9 août 2006 ne saurait suspendre ce que la Constitution de la République et la loi sur la presse accordent au nom de la liberté d’expression.
En tout état de cause, JED considère que jusqu’à preuve du contraire, la période électorale n’est pas une période d’exception qui mériterait des mesures exceptionnelles de restriction de certaines libertés constitutionnelles. Le faire serait tout simplement une dérive dangereuse pour la démocratie.
Fait à Kinshasa, le 10 aout 2006
Tshivis T. Tshivuadi
Secrétaire général
D. M’Baya Tshimanga
Président