(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières dénonce le recours abusif à la loi de prévention du terrorisme par les forces de sécurité pour arrêter des professionnels de l’information. Dushantha Basnayake, directeur financier du groupe Standard Newspapers Private Limited (SNPL), société éditrice de l’hebdomadaire en cingalais « Mawbima », a été interpellé, le 26 février 2007, à Colombo. « Les […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières dénonce le recours abusif à la loi de prévention du terrorisme par les forces de sécurité pour arrêter des professionnels de l’information. Dushantha Basnayake, directeur financier du groupe Standard Newspapers Private Limited (SNPL), société éditrice de l’hebdomadaire en cingalais « Mawbima », a été interpellé, le 26 février 2007, à Colombo.
« Les lois antiterroristes sont faites pour arrêter les terroristes. Pas les journalistes ou les opposants. L’arrestation de Dushantha Basnayake, proche d’un adversaire politique du président Mahinda Rajapakse, ressemble avant tout à une mesure de représailles. Les craintes des organisations de défense des droits de l’homme étaient malheureusement fondées: la loi antiterroriste est utilisée à tort et à travers pour faire taire des voix critiques. Nous attendons du gouvernement sri lankais qu’il libère Dushantha Basnayake au plus vite », s’est indignée l’organisation.
Reporters sans frontières rappelle que Munusamy Parameshawary, jeune reporter de « Mawbima », est également détenue en vertu de la loi antiterroriste depuis novembre 2006 (consulter des alertes de l’IFEX du 24 janvier 2007 et 1er décembre 2006).
Le 26 février 2007, vers 18h00 (heure locale), des officiers de la Terrorist Investigation Division (TID) se sont rendus au bureau de Dushantha Basnayake. Après quatre heures d’interrogatoire, les officiers auraient reçu un appel d’un haut responsable du ministère de la Défense ordonnant l’arrestation de Dushantha Basnayake. Dushantha Basnayake, âgé de 40 ans et père de deux enfants, est cingalais. L’hebdomadaire « Mawbima » est réputé pour ses critiques du gouvernement, sa dénonciation des violations des droits de l’homme au Sri Lanka et de la corruption. C’est la seconde fois que le gouvernement s’en prend directement à cet hebdomadaire. Depuis novembre 2006, la journaliste et traductrice tamoule du journal, Munusamy Parameshawary, est détenue par la TID. Malgré des menaces et des visites répétées d’inspecteurs des impôts, la rédaction n’a pas changé de ligne éditoriale.
Le 24 février 2007, le président Mahinda Rajapakse et son frère Gotabaya Rajapakse, ministre de la Défense, ont contraint des chaînes télévisées à diffuser une émission dans laquelle ils accusaient « Mawbima », ainsi que son propriétaire Tiran Alles, d’être un porte-parole des Tigres tamouls. Le chef de l’Etat et son entourage ont également accusé les anciens ministres Sripathi Sooyaaracchi et Mangala Samaraweera, soutenus par Tiran Alles, de se servir du journal afin de comploter contre lui. Les deux anciens ministres ont été récemment renvoyés du gouvernement pour avoir notamment dénoncé ses violations des droits de l’homme.