(JED/IFEX) – Dans une lettre adressée, mercredi 14 mars 2007, au Général de Brigade Joseph Ponde Isambwa, auditeur général près la Haute Cour Militaire à Kinshasa, Journaliste en danger (JED) a exprimé sa vive préoccupation et ses inquiétudes au sujet de la détention prolongée au CPRK (Centre Pénitentiaire et de Rééducation de Kinshasa) des journalistes […]
(JED/IFEX) – Dans une lettre adressée, mercredi 14 mars 2007, au Général de Brigade Joseph Ponde Isambwa, auditeur général près la Haute Cour Militaire à Kinshasa, Journaliste en danger (JED) a exprimé sa vive préoccupation et ses inquiétudes au sujet de la détention prolongée au CPRK (Centre Pénitentiaire et de Rééducation de Kinshasa) des journalistes Bosange Mbaka dit Ché Guevara, journaliste au périodique « Mambenga », paraissant à Kinshasa, et Papy Ntembe Moroni, cameraman à la chaîne privée CCTV (Canal Congo Télévision).
« Les circonstances de l’arrestation de ces deux professionnels des médias, la légèreté des préventions mises à leurs charges ainsi que leurs détentions sans jugement depuis plus de trois mois démontrent à suffisance le mépris des droits et libertés des citoyens garantis par la Constitution de la République, même quand ceux-ci sont poursuivis », peut-on lire dans la correspondance de JED.
Pour rappel, Bosange Mbaka a été arrêté, le 21 novembre 2006, lors de l’incendie du bâtiment de la Cour Suprême de Justice au moment où il couvrait une audience publique pour le compte de son organe. Il est officiellement accusé par la justice militaire de « vol d’effets militaires » pour avoir ramassé, dans la salle d’audience, alors que les incidents venaient d’éclater, un téléphone cellulaire qu’il est allé remettre, le même jour, de son propre gré, au corps de garde posté en dehors de la juridiction.
Là, il a été immédiatement arrêté, puis détenu au secret pendant 36 jours dans les cachots de la Direction Générale des Services spéciaux de la Police à Kin-Mazière, où il n’a été entendu qu’une seule fois. Le journaliste a été par la suite transféré, le 27 décembre 2006, au CPRK où il est toujours en détention.
Quant à Papy Ntembe, il a été arrêté à son domicile dans la nuit du 1er décembre 2006, par des agents de la police venus interpeller son bailleur, un certain Major Yawa, officier des FARDC (Forces Armées de la République démocratique du Congo) et ressortissant de la province de l’Equateur, comme le journaliste. Amené par la suite dans les locaux de Kin-Mazière, il y a été gardé au secret pendant 26 jours avant d’être transféré, le 27 décembre 2006, au CPRK où il se trouve encore à ce jour. La justice militaire accuse officiellement Ntembe « d’injures publiques et incitation à la haine et à la violence ».
Pire, JED vient d’apprendre par le biais de ses avocats que les deux journalistes sont, depuis une semaine, sous le coup d’une mesure d’enfermement au CPRK. Désormais, il leur est interdit de recevoir la visite de leurs proches et de leurs avocats. Curieusement, JED a pu constater que la mesure d’enfermement prise à l’encontre des deux journalistes concerne également les détenus ressortissants, pour la plupart, de la province de l’Equateur.
« Dans un Etat de droit, aucun individu ne peut être laissé en détention pendant plus de trois mois sans avoir été présenté à un juge, ni être poursuivi en raison de ses origines ethniques ou de ses opinions politiques et encore moins du fait des autres car l’infraction étant individuelle », s’indigne JED auprès de l’Auditeur Général près la Haute Cour Militaire.
JED dénonce la longue détention injustifiée des deux journalistes pour des motifs inavoués ainsi que les manoeuvres qui n’honorent guère l’image de la justice congolaise.
Eu égard à ce qui précède et qui constitue, à n’en point douter, une illustration des disfonctionnements de la justice congolaise et des injustices dénoncées aussi bien par le chef de l’Etat M. Joseph Kabila que par le premier ministre Antoine Gizenga lors de leurs discours d’investiture, JED a demandé à l’Auditeur Général Militaire « d’ordonner, purement et simplement, la libération des journalistes Bonsange Mbaka et Papy Ntembe Moroni, ou à défaut, d’ouvrir sans délais leur procès public au cas où il estimerait que des charges sérieuses pèsent sur eux ».