(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières demande la libération de Fatou Jaw Manneh, journaliste indépendante et militante démocrate, arrêtée le 28 mars 2007 par la National Intelligence Agency (NIA, services de renseignements) à son arrivée à l’aéroport international de Banjul. « Aucune procédure judiciaire, une opacité totale et un mépris pour la légalité: telle est la signature […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières demande la libération de Fatou Jaw Manneh, journaliste indépendante et militante démocrate, arrêtée le 28 mars 2007 par la National Intelligence Agency (NIA, services de renseignements) à son arrivée à l’aéroport international de Banjul.
« Aucune procédure judiciaire, une opacité totale et un mépris pour la légalité: telle est la signature de la NIA, le bras armé du chef de l’Etat. S’opposer au président Yahya Jammeh ou exprimer une opinion différente est devenu un exercice à hauts risques, qui peut faire basculer n’importe quel citoyen, et singulièrement les journalistes, dans la zone de non-droit des prisons gambiennes », a déclaré l’organisation.
Résidente aux Etats-Unis depuis une dizaine d’années, Fatou Jaw Manneh a été arrêtée à sa descente d’avion, en provenance de Dakar (Sénégal), alors qu’elle venait en Gambie pour rendre visite à sa famille. Interpellée par des agents de la NIA après qu’un passager l’avait dénoncée, elle a été conduite au quartier général des services de renseignements, sur le front de mer de Marina Parade, à Banjul. Aucune charge officielle n’a été retenue contre elle et on ignore les motifs de sa détention.
Ancienne journaliste du quotidien privé « Daily Observer », Fatou Jaw Manneh est une militante connue pour son engagement prodémocrate. Collaboratrice de plusieurs sites Internet et du « Save The Gambia Democracy Project », un mouvement d’opposition, elle a publié, en 2003, un article dans le quotidien aujourd’hui fermé illégalement, « The Independent », qui avait provoqué l’arrestation et la détention arbitraire, pendant trois jours, de son rédacteur en chef, Abdoulie Sey (consulter des alertes de l’IFEX des 29, 24 et 23 septembre 2003). Cet article, intitulé « Jammeh sous le microscope », évoquait la pauvreté endémique et la corruption en Gambie, estimant que le président Yahya Jammeh avait « trompé tout le monde ».
Reporters sans frontières réitère par ailleurs son appel à la libération immédiate de « Chief » Ebrima Manneh, journaliste du quotidien privé « Daily Observer », qui avait disparu le 7 juillet 2006 (consulter des alertes du 26 février, 18 janvier 2007, 18 octobre, 19 et 17 juillet 2006). Début janvier 2007, le trihebdomadaire d’opposition « Foroyaa » a révélé qu’il était détenu sans procès, au commissariat de Fatoto, une petite ville à 400 km à l’est de la capitale. Le journaliste a été arrêté pour une raison inconnue, peu après la clôture du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA), qui s’est tenu à Banjul les 1er et 2 juillet 2006. Plusieurs arrestations avaient alors eu lieu au sein de la presse indépendante, accusée d’avoir perturbé l’événement.