(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières condamne la pratique du boycott publicitaire décidée par le gouvernement kenyan à l’encontre du groupe de presse Standard Group, propriétaire du quotidien privé « The Standard » et de la chaîne Kenya Television Network (KTN). « Point culminant d’une guerre des mots, où la police et la justice sont parfois utilisées comme des […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières condamne la pratique du boycott publicitaire décidée par le gouvernement kenyan à l’encontre du groupe de presse Standard Group, propriétaire du quotidien privé « The Standard » et de la chaîne Kenya Television Network (KTN).
« Point culminant d’une guerre des mots, où la police et la justice sont parfois utilisées comme des auxiliaires, cette décision du gouvernement est absurde et dangereuse. Empreint d’une certaine mesquinerie, le boycott publicitaire est une pratique inacceptable dans la mesure où les moyens de l’Etat ne devraient pas être utilisés à des fins politiciennes ou au service d’une personnalité. De plus, ce boycott ne fait qu’aggraver le climat d’hostilité entre le gouvernement et le Standard Group et ne débouchera, à l’avenir, que sur davantage de défiance », a déclaré l’organisation.
Selon plusieurs médias kenyans et étrangers, un courrier électronique a été envoyé début avril 2007 par le ministère des Services publics, ordonnant aux groupes publics faisant paraître des publicités dans « The Standard » et KTN, d’annuler ou de rediriger leurs campagnes vers d’autres groupes de presse plus favorables à la politique gouvernementale. Cette mesure s’inscrit dans la lignée des tensions qui opposent depuis un an le gouvernement de Mwai Kibaki et le Standard Group. En réaction à cette révélation, le ministre de la Sécurité a affirmé que le journal avait « déclaré une guerre » contre lui.
« The Standard » avait publié récemment une enquête affirmant que l’un des ministres du gouvernement avait approché des membres de la mafia arménienne, dans le but de faire assassiner le fils de l’ancien président Daniel arap Moi. Suite à la publication de l’article, le directeur de publication du journal, Chaacha Mwita, ainsi que le vice-président du groupe de presse, Paul Melly, le directeur des opérations, Paul Wanyagah et le directeur éditorial, Kwendo Opanga, ont été interrogés pendant sept heures par la police, le 17 avril 2007, sans pouvoir bénéficier de l’assistance de leurs avocats.
Le 2 mars 2006, à 1h00 du matin (heure locale), la police kenyane avait fait simultanément irruption au siège de la télévision KTN et dans les locaux de l’imprimerie du « Standard », dans la zone industrielle de Nairobi. Après avoir agressé les gardiens, de nombreux policiers, armés de kalachnikovs, avaient semé la panique dans les locaux de la télévision, gravement endommagé du matériel, empêchant ainsi la télévision d’émettre jusqu’au lendemain en début d’après-midi. Simultanément, des policiers avaient saisi les exemplaires du quotidien « Standard » à paraître ce jour-là et les avaient brûlés (consulter des alertes de l’IFEX des 20, 8, 3, 2 et 1er mars 2006).