(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières demande la levée de la suspension du quotidien privé arabophone « Al-Soudani », sanctionné en vertu d’un article très controversé du code de procédure pénale, pour avoir publié un éditorial accusant le ministre de la Justice « d’avoir menti dans une affaire de blanchiment d’argent ». Parallèlement, l’organisation se réjouit de la remise en […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières demande la levée de la suspension du quotidien privé arabophone « Al-Soudani », sanctionné en vertu d’un article très controversé du code de procédure pénale, pour avoir publié un éditorial accusant le ministre de la Justice « d’avoir menti dans une affaire de blanchiment d’argent ».
Parallèlement, l’organisation se réjouit de la remise en liberté du directeur de publication et du rédacteur en chef du journal, Mahgoub Erwa et Osman Mirghani, incarcérés depuis le 17 mai 2007, relâchés respectivement le 19 et le 20 mai.
« Cette affaire est emblématique de l’un des obstacles les plus criants à la liberté de la presse au Soudan. La suspension d' »Al-Soudani » est abusive dans la mesure où elle a été décidée unilatéralement par le gouvernement, alors qu’il existe un organe de régulation de la presse dont le mandat a été court-circuité. De plus, pour fonder sa décision, le gouvernement a, une fois de plus, utilisé l’article 130 du code de procédure pénale, alors même que l’ensemble de la profession, ainsi que le Conseil national de la presse, en contestent le bien-fondé », a déclaré Reporters sans frontières.
Mahgoub Erwa a été remis en liberté le 19 mai, vingt-quatre heures avant le terme de sa détention préventive. Osman Mirghani, pour sa part, a été relâché le 20 mai sur ordre d’un tribunal, qui a refusé de prolonger sa détention, comme le demandait le ministère public. Les 17 et 19 mai, un journaliste d' »Al-Soudani », Hafiz Al-Khair, a été interrogé dans le cadre de la même affaire.
Le recours abusif à l’article 130 du code de procédure pénale, qui sanctionne la violation du secret de l’instruction, est selon lui l’une des armes favorites des autorités. Début 2007, « Al-Soudani » avait déjà fait les frais de cette disposition législative ambiguë, qui entend prévenir « le fait d’influencer les procédures en cours d’investigation ». Le 1er février, il avait été suspendu « indéfiniment » par le ministère de la Justice pour avoir évoqué l’assassinat, en 2006, du rédacteur en chef du quotidien « Al-Wifaq », Mohamed Taha, contrevenant à l’ordre du gouvernement qui avait imposé un black-out sur l’affaire sous prétexte de « préserver l’ordre public » (consulter l’alerte de l’IFEX du 2 février 2007). Les protestations des organisations professionnelles – mais aussi du Conseil national de la presse, proche du gouvernement, qui avait mis en cause la légalité de la décision – avaient fini par faire fléchir les autorités au bout de 48 heures.