(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières demande aujourd’hui à Yahoo! de faire toute la lumière sur ses relations avec les autorités chinoises. Le 6 novembre 2007, le Congrès américain entendra Jerry Yang, le président et directeur général de l’entreprise concernant le faux témoignage qu’il lui a fourni sur l’implication de son entreprise dans l’arrestation du cyberdissident […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières demande aujourd’hui à Yahoo! de faire toute la lumière sur ses relations avec les autorités chinoises. Le 6 novembre 2007, le Congrès américain entendra Jerry Yang, le président et directeur général de l’entreprise concernant le faux témoignage qu’il lui a fourni sur l’implication de son entreprise dans l’arrestation du cyberdissident chinois Shi Tao, condamné à 10 ans de prison en 2003 pour « divulgation de secret d’État à l’étranger » par les autorités.
« La justification confuse de Yahoo! lors de sa dernière audience devant le Congrès, le 27 février 2006, doit être clarifiée. L’entreprise doit accepter les conséquences de ses erreurs. Au moins quatre cyberdissidents sont derrière les barreaux car Yahoo! a fourni des renseignements sur eux à la police chinoise. Nous aimerions connaître jusqu’où Yahoo! a obéi aux ordres des autorités chinoises et combien de personnes sont concernées parmi les 32 journalistes et les 50 cyberdissidents emprisonnés dans le pays. Cette audience est l’occasion pour Yahoo! de montrer plus de transparence dans ses pratiques et de s’expliquer sur l’implication qu’elle compte avoir dans les arrestations de dissidents à l’avenir », a déclaré Reporters sans frontières.
Le vice-président du groupe Yahoo!, Michael Callahan, avait affirmé au Congrès en février 2006 que l’entreprise « n’avait aucune idée de la nature de l’investigation » menée par les autorités chinoises, en faisant allusion à celle qui portait depuis 2004 sur le blogueur Shi Tao. En réalité, le Département chinois de la sécurité de l’État, a envoyé un document à Yahoo le 22 avril 2004, dans lequel les autorités demandaient des informations sur un compte précis, suspecté de « divulgation de secret d’État hors des frontières ».
« S’il s’avère que Yahoo! connaissait les tenants et les aboutissants de cette demande des autorités, le groupe se trouverait dans une situation fort délicate. Masquer un comportement aussi méprisable serait une offense au Congrès », a déclaré Tom Lantos, le responsable du comité des affaires étrangères de la Chambre des représentants. « Pour une entreprise engagée dans l’industrie de l’information, il serait malvenu de garder autant de mystère autour de cette affaire. Nous espérons entendre la vérité » a-t-il poursuivi.
Le 1er novembre 2007, Michael Callahan s’est excusé auprès du Congrès. « Plusieurs mois après avoir témoigné sur les ambitions commerciales de Yahoo! en Chine devant le comité des affaires étrangères, j’ai réalisé que l’entreprise avait plus d’informations que moi concernant le document d’avril 2004 », a-t-il affirmé. « J’ai négligé l’ampleur de cette information et n’en ai pas alerté le comité. Je regrette profondément le malentendu auquel cela a mené et m’excuse auprès du comité », a-t-il déclaré. D’après le quotidien britannique « Financial Times », il devrait fournir les preuves qu’un avocat de Yahoo! en Asie a oublié de lui notifier cet ordre des autorités chinoises car ce dernier estimait qu’il n’était pas important.
La collaboration de Yahoo! Hong Kong avec la police est mise en avant concernant les quatre cyberdissidents suivants:
– Shi Tao (voir plus haut)
– Wang Xiaoning, 55 ans, condamné à dix ans de prison en septembre 2003 pour avoir publié des articles « subversifs » sur Internet
– Li Zhi, 35 ans, condamné à huit ans de prison en décembre 2003 pour « incitation à la subversion ». Il a avait déjà été arrêté en août pour avoir qualifié les pratiques des hommes politiques locaux de « mafieuses » sur des forums de discussions et dans des articles sur Internet
– Jiang Lijun, activiste en faveur de la démocratie, libéré le 5 novembre 2006 après quatre ans de prison. Il avait été condamné pour « incitation à la subversion des autorités de l’État » en 2002. Selon la police, qui l’avait déjà arrêté plusieurs fois à cause de ses publications sur le Net, il était le chef de file d’un groupe de cyberdissidents.