(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières dénonce la sélection effectuée par les autorités zimbabwéennes parmi les médias étrangers souhaitant couvrir les élections générales du 29 mars 2008, et rappelle que les conventions internationales signées par le gouvernement l’obligent à garantir un « accès total aux médias nationaux et internationaux ». « De nouvelles mesures autoritaires viennent entacher le scrutin […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières dénonce la sélection effectuée par les autorités zimbabwéennes parmi les médias étrangers souhaitant couvrir les élections générales du 29 mars 2008, et rappelle que les conventions internationales signées par le gouvernement l’obligent à garantir un « accès total aux médias nationaux et internationaux ».
« De nouvelles mesures autoritaires viennent entacher le scrutin du 29 mars de nouvelles irrégularités. Avec ces nouveaux faits portés à leur connaissance, les observateurs internationaux acceptés par le gouvernement zimbabwéen ne pourront pas faire comme si le contexte général des élections avait été serein. Il est au moins évident que la liberté de la presse n’aura pas été garantie, ce qui constitue une grave anomalie pour des élections à prétention démocratique », a déclaré l’organisation.
Le 24 mars, à cinq jours du scrutin, le porte-parole de la présidence, George Charamba, a annoncé qu’un comité gouvernemental ad hoc, nommé pour examiner les demandes d’accréditation des médias internationaux, avait décidé d’en refuser la plupart. Il affirme qu’il existait des « tentatives de transformer des journalistes venus de pays hostiles en observateurs ou en personnel de sécurité ». Les principaux médias concernés sont la chaîne britannique British Broadcasting Corporation (BBC), les chaînes américaines Cable News Network (CNN), MSNBC, la chaîne sud-africaine E-tv, les quotidiens britanniques « The Guardian », « The Daily Telegraph » et le groupe de presse South Africa’s Independent Newspapers Group (INN).
La chaîne publique sud-africaine South Africa Broadcasting Corporation (SABC) a été accréditée, mais le gouvernement lui a interdit d’utiliser son propre matériel de transmission satellitaire, le contraignant à utiliser celui de la chaîne publique Zimbabwe Broadcasting Corporation (ZBC).
S’agissant des médias internationaux déjà accrédités comme les agences Reuters, Agence France-Presse (AFP), Associated Press (AP) ou la chaîne qatarie Al-Jazira, George Charamba a indiqué que le comité allait examiner « avec sympathie » leurs demandes concernant l’envoi de journalistes supplémentaires. Il a toutefois ajouté que les chefs des bureaux de ces médias seraient « tenus pour entièrement responsables » du comportement de leurs employés.
Les refus ont concerné également les médias nationaux. Ainsi, le 11 mars, Hopewell Chin’ono, journaliste indépendant et lauréat du prix « Desmond Tutu Leadership Fellowship » 2008, a été informé par la commission électorale que son accréditation avait été refusée, sur instruction de la Commission de l’information et des médias (MIC), l’organe de régulation étroitement contrôlé par le pouvoir, qui l’a placé sur une « liste noire ». Le journaliste dispose pourtant d’une accréditation de cette dernière, valable jusqu’à fin 2008.
Le Zimbabwe a signé en 2004 les « Principes et règles gouvernant les élections démocratiques » de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), contraignant les États de la région à garantir un « accès total aux médias nationaux et internationaux » en période électorale.