(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières appelle les autorités indiennes à faire cesser au plus vite les violences et la censure dont sont victimes les médias au Cachemire. Au moins treize journalistes ont été frappés par des policiers, les chaînes de télévision locales sont censurées et le couvre-feu rend très difficile la parution des journaux. « La […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières appelle les autorités indiennes à faire cesser au plus vite les violences et la censure dont sont victimes les médias au Cachemire. Au moins treize journalistes ont été frappés par des policiers, les chaînes de télévision locales sont censurées et le couvre-feu rend très difficile la parution des journaux.
« La nouvelle crise que traverse le Cachemire indien ne peut être le prétexte à de nouvelles violences et entraves contre la presse. Les journalistes doivent obtenir toutes les garanties pour travailler librement malgré le couvre-feu, notamment des laissez-passer permanents. Nous demandons également aux responsables de la police d’enquêter sur les violences commises par certains de leurs éléments, faisant plusieurs blessés dans les rangs de la presse. Ne prendre aucune sanction ouvre la porte à de nouveaux dérapages. Enfin, nous demandons la fin de la censure pour les chaînes locales, ce qui constitue une violation claire du droit des Cachemiris à être informés », a affirmé Reporters sans frontières.
Le 24 août 2008, au moins treize journalistes ont été frappés par des éléments de la Central Reserve Police Force à Srinagar, alors qu’ils tentaient de rejoindre leurs bureaux malgré le couvre-feu. Les journalistes possédaient des laissez-passer accordés le 11 août, mais les policiers ont affirmé qu’ils n’étaient plus valables. Parmi les journalistes blessés, se trouve Bilal Bhat, chef du bureau de la chaîne Sahara Samay à Srinagar, qui a eu plusieurs côtes fracturées. Son caméraman Muzaffar a également été blessé. Ajaz Ahmad, de News X, Jehangir Aziz de ETV en ourdou, et Amin War du journal « The Tribune » font partie des journalistes blessés.
Le couvre feu, imposé le 24 août, a empêché la parution des journaux régionaux le 25 août. « ‘Greater Kahsmir’ n’a pas été distribué le 25 août. Nous regrettons la gêne occasionnée pour nos chers lecteurs. C’est la première fois au cours des dix dernières années que les personnels de ‘Greater Kahsmir’ n’ont pas pu atteindre leur bureau et cela en raison des restrictions », indique le quotidien sur son site Internet.
Le correspondant à Srinagar d’un journal indien a affirmé à Reporters sans frontières: « J’ai dû passer 20 check points avant d’arriver à mon bureau ce matin. Et à chaque fois, j’ai subi les mêmes humiliations et les mêmes questions sur mon métier de journaliste. »
Le 24 août également, les autorités ont demandé aux chaînes locales de ne plus diffuser, jusqu’à nouvel ordre, des informations qui « exciteraient » les populations. Des responsables des chaînes ont été convoqués pour se voir expliquer qu’il était préférable qu’ils suspendent leurs programmes d’informations et diffusent des programmes de divertissement. Selon le gouvernement, certaines chaînes ont diffusé des informations contraires aux prérogatives du Cable Television Network (Regulation) Act 1995. C’est sur la base de cette loi qu’un magistrat de Srinagar a ordonné, le même jour, aux chaînes qui refusaient de supprimer tous leurs programmes d’informations de s’en tenir à des émissions de divertissement.
Des groupes de journalistes ont manifesté contre ces violences et la censure. « Laissez la presse travailler », affirmait la pancarte d’un reporter de Srinagar.
Les troupes indiennes patrouillent les rues de Srinagar et des autres villes de la province en demandant par mégaphone aux habitants de rester chez eux. Les rassemblements prévus par les partis cachemiris ont été interdits. Plusieurs manifestants ont été tués pour avoir violé le couvre-feu.