(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières et la Burma Media Association sont révoltées par la condamnation à vingt ans et six mois de prison du jeune blogueur Nay Phone Latt. Le poète Saw Wai a, quant à lui, été condamné à deux ans de prison pour avoir publié un poème crypté sur le général Than Shwe. […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières et la Burma Media Association sont révoltées par la condamnation à vingt ans et six mois de prison du jeune blogueur Nay Phone Latt. Le poète Saw Wai a, quant à lui, été condamné à deux ans de prison pour avoir publié un poème crypté sur le général Than Shwe.
« La junte militaire a décidé de punir avec une sévérité sans limites un jeune Birman pour le simple fait d’avoir utilisé Internet. C’est un verdict écoeurant qui vise à effrayer tous les Birmans cherchant à s’échapper par le Web au contrôle ubuesque sur l’information imposé par la dictature. Nous appelons à la libération immédiate de Nay Phone Latt. Saw Wai paye de son côté son impertinence et son courage de poète engagé », ont affirmé les deux organisations.
« Il est aujourd’hui urgent que les blogueurs du monde entier témoignent de leur solidarité avec Nay Phone Latt, en affichant sur leurs blogs sa photo et en s’adressant aux ambassades de Birmanie à travers le monde pour demander sa libération. De même, nous appelons les écrivains à défendre leur collègue Saw Wai, emprisonné pour un simple poème », ont-elles déclaré.
Le 10 novembre 2008 dans la matinée, un tribunal spécial réuni au sein de la prison d’Insein a condamné Nay Phone Latt à vingt ans et six mois de prison. La juge Daw Soe Nyaam a énoncé trois peines : deux ans pour violation de l’article 505 (b) du code pénal qui punit la « diffamation de l’Etat », trois ans et six mois pour violation de l’article 32 (b) du Video Act et enfin quinze ans de prison pour violation de l’article 33 (a) de l’Electronic Act.
La mère du blogueur, Daw Aye Than, a déclaré : « Je pensais qu’il serait condamné à dix ou douze ans de prison, mais je ne m’attendais pas à une telle peine. Les autorités ont été trop cruelles à son encontre. » Elle n’a pas été autorisée à assister au procès de son fils. Et l’avocat du blogueur a été lui-même emprisonné pour avoir critiqué certaines pratiques de cette cour spéciale.
Par ailleurs, le poète birman Saw Wai a été condamné par la même juge à deux ans de prison pour avoir publié un poème de la Saint-Valentin contenant un message codé critiquant le chef de la junte. Le poème intitulé « 14 février » a été publié dans l’hebdomadaire populaire « Achit Journal » (« Love Journal »). Lus verticalement, les premiers mots de ce poème en birman forment la phrase « Le généralissime Than Shwe est fou de pouvoir ». Connu pour ses poèmes romantiques, Saw Wai a été arrêté le 22 janvier par des militaires, au lendemain de la publication du poème.
Nay Phone Latt, âgé de 28 ans, a été inculpé le 7 juillet, après avoir été interpellé le 29 janvier à Rangoon. Il était en possession d’une vidéo interdite par la junte militaire au pouvoir. Nay Phone Latt est propriétaire de deux cybercafés à Rangoon. Il tient un blog ( http://www.nayphonelatt.net ) sur lequel il témoigne de la difficulté que rencontre la jeunesse birmane pour s’exprimer, notamment depuis les manifestations de l’automne 2007. Il a été arrêté avec plusieurs militants de la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), qui ont été relâchés quelques heures plus tard.
Il souffre d’un problème aux yeux, mais les autorités de la prison l’empêchent de consulter un médecin.
Mise à jour du cas Nay Phone Latt (anglais seulement): http://ifex.org/en/content/view/full/95168
Mise à jour du cas Saw Wai (anglais seulement): http://ifex.org/en/content/view/full/95053