En procès depuis deux ans et demi, Erol Önderoğlu était à la barre ce 15 avril à Istanbul. En présence d'une délégation internationale de RSF, il est revenu sur son combat pour la liberté de la presse et a réclamé son acquittement.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 16 avril 2019.
En procès depuis deux ans et demi, le représentant de Reporters sans frontières (RSF) en Turquie, Erol Önderoğlu, était à la barre ce 15 avril à Istanbul. En présence d’une délégation internationale de RSF, il est revenu sur son combat pour la liberté de la presse et a réclamé son acquittement. Le tribunal pourrait rendre son verdict le 17 juillet.
La salle d’audience était pleine, ce 15 avril 2019, pour la reprise du procès d’Erol Önderoğlu, de la défenseure des droits humains Şebnem Korur Fincancı et de l’écrivain en exil Ahmet Nesin. De nombreux observateurs, dont le secrétaire général de RSF et trois autres représentants de l’organisation, avaient fait le déplacement pour soutenir ces défenseurs de la liberté de la presse, qui risquent la prison pour avoir défendu un journal kurde persécuté.
Après le réquisitoire du procureur en février, la parole était à la défense : Erol Önderoğlu a présenté sa plaidoirie. Le représentant de RSF depuis 1996 a expliqué comment l’action pour laquelle il est jugé s’inscrivait dans le droit fil de son engagement pour la liberté de la presse. Il a de nouveau souligné que les accusations portées contre lui étaient infondées et qu’elles relevaient d’une volonté d’intimider la société civile et les journalistes turcs.
« Depuis 24 ans, mon travail consiste à soutenir mes collègues, quelles que soient leurs opinions politiques ou celles de leurs employeurs, dès lors qu’ils sont inquiétés en tant que journalistes, a rappelé Erol Önderoğlu. J’ai participé à cette campagne de solidarité parce que je crois qu’il ne peut y avoir de société démocratique si les médias ne peuvent s’exprimer sans censure ni répression. Ce qui nous inquiète, ce ne sont pas ces accusations suspendues au-dessus de nos têtes comme une épée de Damoclès : ce qui nous inquiète, c’est le sort de toute la société face à l’érosion du sens de la justice qui nous maintient tous ensemble. »
Soulignant que les accusations portées contre lui et ses camarades n’avaient pas pu être étayées depuis le début de l’enquête, le représentant de RSF a conclu : « cela fait deux ans et demi que nous sommes en procès sur le fondement d’un acte d’accusation bouclé précipitamment en un jour. Je demande mon acquittement et mon droit à poursuivre mes activités journalistiques. »
L’avocate de Şebnem Korur Fincancı étant malade, la défenseure des droits humains a demandé un délai pour présenter sa plaidoirie. La prochaine audience, à laquelle Erol Önderoğlu est dispensé d’assister, se tiendra le 17 juillet. Elle pourrait se conclure par l’énoncé du verdict.
Avec une cinquantaine d’autres personnalités, Erol Önderoğlu et ses deux camarades s’étaient relayées en 2016 pour prendre la direction symbolique du journal Özgür Gündem un jour chacun. Une manière de défendre le pluralisme face à la persécution de ce titre, fermé manu militari en août 2016. Le représentant de RSF et ses deux co-accusés sont les seuls à avoir été placés en détention provisoire une dizaine de jours dans le cadre de cette campagne.
La Turquie occupe la 157e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2018 par RSF. Déjà très préoccupante, la situation des médias est devenue critique après la tentative de putsch de juillet 2016 : de nombreux médias ont été fermés sans aucun recours effectif, les procès de masse se succèdent et le pays détient le record mondial du nombre de journalistes professionnels emprisonnés.
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