RSF s’inquiète et condamne avec la plus grande fermeté l’accroissement des violences policières contre les journalistes qui couvrent le mouvement de protestation.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 19 décembre 2019.
Alors que les manifestations contre la loi citoyenneté se multiplient en Inde Reporters sans frontières (RSF) s’inquiète et condamne avec la plus grande fermeté l’accroissement des violences policières contre les journalistes qui couvrent le mouvement de protestation.
Dans l’après-midi du 17 décembre, Azaan Javaid, journaliste pour le site d’information The Print, et Anees Zargar, du quotidien en ligne NewsClick, se rendent à l’Université islamique pour couvrir une manifestation qui se déroule sur un campus de Srinagar, la capitale du Cachemire (nord-ouest de l’Inde). Alors qu’Azaan Javaid commence à photographier et filmer la police en train d’arrêter des étudiants, un officier de police saisit son téléphone. Après avoir présenté sa carte de presse et réclamé la restitution de son matériel, il est violemment insulté et battu par deux policiers.
L’un d’eux, Rashid Khan, s’en prendra aussi violemment au journaliste de NewsClick, Anees Zargar. Contacté par RSF, ce dernier assure avoir été “victime d’une attaque ciblée” de l’officier de police qui s’en est pris à lui “pour un article écrit quelques mois plus tôt”. L’article en question dénonçait les exactions de la police envers les femmes au Cachemire.
“Les forces de l’ordre doivent contribuer à protéger les journalistes pour leur permettre de couvrir l’actualité et notamment les manifestations, au lieu de les agresser sciemment, déclare le bureau Asie-Pacifique de RSF. Les autorités indiennes doivent ouvrir au plus vite une enquête sur ces agissements inacceptables et punir les auteurs de ces violences qui sont parfaitement identifiés .”
Agressions durant les manifestations à Delhi
Des journalistes ont été également la cible de violence dans la capitale indienne, New Delhi, comme le montre l’incident dont a été victime la correspondante de BBC, Bushra Sheikh, dimanche 15 décembre. Alors qu’elle filmait les manifestations étudiantes qui se déroulaient devant la prestigieuse université Jamia Milia Islamia, des policiers ont détruit son téléphone avant de l’agresser physiquement.
Cela fait une semaine que les manifestations se multiplient en Inde. C’est une loi sur la citoyenneté passée par le gouvernement nationaliste hindou qui a déclenché la colère d’une partie de la population. Ce mouvement de contestation, principalement menée par des membres de la communauté musulmane, est l’un des plus importants auxquels doit faire face le Bharatiya Janata Party (BJP) du Premier ministre Narendra Modi depuis son arrivée au pouvoir en 2014.
Toujours le 15 décembre, à proximité du Parlement indien, le journaliste indépendant Saheen Abdullah couvrait aussi les manifestations étudiantes pour le quotidien indépendant Maktook Media. Alors qu’il tentait d’aider une étudiante asthmatique à quitter les lieux, la police l’a attaqué avec des bâtons. Blessé à la main, à l’épaule et aux jambes, contusionné et le nez en sang, il est de nouveau agressé par des policiers qui tente de le sortir du rickshaw dans lequel il a pris place pour aller vers l’hôpital : « Ils ont essayé de m’attraper et de me tirer dehors », a expliqué le journaliste joint par RSF.
Dans l’État du du Jammu-et-Cachemire, la situation est d’autant plus tendue que les journalistes travaillent dans des conditions particulièrement difficiles, comme le montre une série de témoignages vidéos uniques de journalistes réunis par RSF, 100 jours après l’abrogation, début août, de l’article 370 de la Constitution de 1947.
L’Inde se situe à la 140e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2019 par RSF.