Woo Jong-chang a été condamné pour diffamation pour avoir refusé de divulguer l'identité d’une source qu’il citait dans une vidéo YouTube laissant entendre que la destitution de l'ancienne présidente sud-coréenne Park Geun-hye, en 2017, était le résultat d'un complot.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 18 août 2020.
Reporters sans frontières (RSF) réclame la libération du journaliste et commentateur politique sud-coréen Woo Jong-chang, récemment condamné à 8 mois de prison pour diffamation après avoir refusé de divulguer l’identité d’une source.
Le journaliste et commentateur politique sud-coréen Woo Jong-chang, connu pour son opposition à l’actuel gouvernement, a été condamné pour diffamation le 17 juillet à huit mois d’emprisonnement par le tribunal pénal du district nord de Séoul, et écroué, pour avoir refusé de divulguer l’identité d’une source qu’il citait dans une vidéo YouTube laissant entendre que la destitution de l’ancienne présidente sud-coréenne Park Geun-hye, en 2017, était le résultat d’un complot. La Corée du Sud est une démocratie parlementaire globalement respectueuse des libertés mais elle considère, en vertu d’un texte de loi archaïque, la diffamation comme un crime passible de sept ans de prison.
« Un journaliste, même si son travail fait l’objet de controverses, doit pouvoir protéger ses sources en toutes circonstances et sans crainte de représailles judiciaires », insiste Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l’Est de Reporters sans frontières (RSF), qui appelle les autorités sud-coréennes à « libérer immédiatement Woo Jong-chang, décriminaliser la diffamation et à faire cesser le harcèlement judiciaire à l‘encontre de la presse. »
La personne à l’origine de la plainte, un ancien ministre de la Justice qui travaillait comme secrétaire de la présidence à l’époque du complot présumé, a récemment publié sur son compte Twitter une message menaçant des mêmes poursuites tout journaliste qui se risquerait à reprendre à son compte les thèses énoncées par Woo Jong-chang.
Le cas de Woo Jong-chang fait écho à un procès similaire qui a eu lieu en 2018, lors duquel quatre journalistes du média conservateur Media Watch se sont vu infliger de lourdes peines pour diffamation allant jusqu’à deux ans d’emprisonnement, pour avoir publié un reportage accusant un autre média d’avoir fabriqué des preuves à charge contre l’ancienne présidente lors de son procès en destitution en décembre 2016, suite auquel elle avait été condamnée à 25 ans d’emprisonnement pour corruption.
La Corée du Sud est classée 42ème sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse de 2020 de RSF.