"Il s’agit d’une affaire ou le droit et les procédures applicables ont été contournés pour régler le compte d’un journaliste qui était hospitalisé et qui n’a commis aucun crime punissable d’une peine de prison," dénonce le responsable du bureau Afrique de RSF.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 30 mars 2021.
Le journaliste, malade, est détenu arbitrairement à Brazzaville, la capitale congolaise, depuis près de 3 mois. Reporters sans frontières (RSF) et 12 autres organisations dénoncent une détention illégale et inhumaine.
Réélu avec plus de 88% des voix selon les résultats provisoires, le président Denis Sassou Nguesso, 77 ans dont près de 37 au pouvoir, va entamer son quatrième mandat consécutif à la tête de la République du Congo avec un journaliste en prison. Dans un communiqué conjoint, RSF et 12 autres organisations ont dénoncé la détention “illégale et inhumaine” du directeur de publication du journal satirique Sel-Piment Raymond Malonga depuis le 2 février. Le journaliste avait été arraché de son lit par des éléments en civil des services de renseignements alors qu’il était hospitalisé dans une clinique depuis plusieurs jours. Il est poursuivi en diffamation par la femme du patron du Conseil national de sécurité et neveu du président congolais, accusée de détournements de fonds dans un article diffusé sur un site et reproduit par le journal.
“Il s’agit d’une affaire ou le droit et les procédures applicables ont été contournés pour régler le compte d’un journaliste qui était hospitalisé et qui n’a commis aucun crime punissable d’une peine de prison, dénonce le responsable du bureau Afrique de RSF, Arnaud Froger. L’image renvoyée par cette arrestation d’un homme malade et cette violation aussi manifeste de l’état de droit est tout simplement terrible. La mobilisation ne faiblira pas. Raymond Malonga doit être libéré.”
Dans le communiqué conjoint, RSF et les 12 autres organisations, rappellent que le droit congolais applicable en matière de délits de presse ne prévoit pas de peines privatives de liberté pour des faits de diffamation présumés, sauf circonstances exceptionnelles qui ne s’appliquent pas dans cette affaire. De même, lorsque la peine maximale prévue par la loi en matière correctionnelle est inférieure à un an d’emprisonnement, l’inculpé domicilié au Congo ne peut être détenu plus de 15 jours après sa première comparution.
Alors que le journaliste n’a toujours pas été présenté devant un tribunal correctionnel devant lequel il a pourtant été renvoyé, les nouvelles concernant son état de santé ne sont pas rassurantes. Selon les informations obtenues par RSF, le journaliste souffrait d’une crise de paludisme mal soignée, de fièvre atteignant 40 degrés, de céphalées, de problèmes gastriques et d’anorexie au moment de son arrestation. Les examens pratiqués par la suite ont également révélé qu’il pourrait aussi avoir contracté la fièvre typhoïde. Ses proches se disent très inquiets compte tenu de son “état fébrile » que son incarcération n’a pas amélioré.
Le Congo occupe la 118e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.
Voir le communiqué de presse conjoint ci-dessous
Organisations signataires :
- Agir ensemble pour les droits humains
- ACAT Congo
- ACAT France
- Cinema For Peace and Democracy
- FIACAT
- FIDH, dans le cadre de l’Observatoire pour la Protection des Défenseurs des Droits de l’Homme
- Observatoire congolais des Droits de l’Homme – OCDH
- OMCT (Organisation mondiale contre la torture), dans le cadre de l’Observatoire pour la Protection des Défenseurs des Droits de l’Homme
- Reporters sans frontières – RSF
- Collectif Sassoufit
- Survie
- Mouvement Ras Le Bol Congo
- Tournons La Page
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cp_20210329_liberer_et_proteger_journalistes_et_defenseurs_des_droits_humains_en_republique_du_congo_vf2.pdfPDF