Zhang Zhan a fait un travail remarquable d’information du public chinois durant la crise sanitaire. Détenue, elle est gravement malade et risque la mort.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 17 septembre 2021.
Xi Jinping
Président
République Populaire de Chine
Bureau général du Conseil d’État
2 Fuyoujie, Xichengqu
Beijingshi 100017
Paris, le 17 septembre 2021
Monsieur le Président,
En tant que collectif d’organisations non-gouvernementales de défense des droits humains et de la liberté de la presse, nous vous appelons à innocenter et à libérer Zhang Zhan, une ancienne avocate devenue journaliste et défenseuse des droits humains, gravement malade et qui risque de mourir prochainement si elle est maintenue en détention.
En février 2020, Zhang Zhan s’est rendue, tout comme d’autres journalistes chinois, dans la ville de Wuhan pour couvrir les premiers jours de la pandémie de coronavirus. Zhang Zhan a fait un travail remarquable d’information du public sur la crise sanitaire en application du principe de liberté de la presse que consacre l’article 35 de la Constitution de la République populaire de Chine.
Le 28 décembre 2020, Zhang Zhan a été condamnée à quatre ans de prison par le Tribunal du nouveau district de Pudong à Shanghai pour avoir « attisé des querelles et provoqué des troubles » à l’issue d’un procès d’à peine trois heures qui n’a pas respecté les normes internationales en matière d’équité.
Dans l’acte d’accusation, les procureurs l’accusent, sans fournir de preuves, d’avoir publié une large quantité de « fausses informations » et lui reprochent aussi d’avoir participé à des entretiens avec des médias étrangers, ce qui n’est en aucune façon répréhensible. Zhang Zhan a toujours refusé de plaider coupable et a protesté de son innocence à travers une grève de la faim qui a gravement dégradé son état de santé.
Selon sa famille, qui n’a pas été autorisée à lui rendre visite en détention et n’a pu échanger avec elle que par téléphone, Zhang Zhan serait gravement malade et aurait déjà perdu beaucoup de poids. Elle n’a été hospitalisée que 11 jours au début du mois d’août avant d’être renvoyée en prison où elle risque de mourir si elle n’est pas libérée immédiatement.
Comme l’ont aussi souligné ses anciens avocats, Zhang Zhan a été victime de mauvais traitements au cours des derniers mois de sa détention, ce qui va clairement à l’encontre de la Convention des Nations Unies contre la torture que la Chine a ratifiée en 1988.
Au nom de la dignité humaine, nous vous demandons, Monsieur le Président, d’accorder à Zhang Zhan l’opportunité de voir ses parents à nouveau en exerçant le pouvoir que vous accorde l’article 80 de la Constitution chinoise et en veillant à ce qu’elle soit libérée avant qu’il ne soit trop tard.
Veuillez agréer les assurances de notre très haute considération.
Copie :
Li Zhanshu
Président
République Populaire de Chine
Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale
23 Xijiaominxiang, Xicheng District
Beijing 100805