La journaliste Justine Lifombi a été violemment frappée et détenue par les forces de police. RSF condamne cette attaque choquante et demande l’identification et la sanction immédiates des coupables.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 21 janvier 2022.
Partie couvrir une manifestation en République Démocratique du Congo (RDC), une journaliste a été violemment frappée et détenue par les forces de police. Reporters sans frontières (RSF) condamne cette attaque choquante et demande l’identification et la sanction immédiates des coupables.
Blessée au visage et pieds nus… C’est l’état dans lequel se trouvait Justine Lifombi lorsqu’elle est ressortie du poste de police d’Isangi après avoir été très violemment agressée par des policiers, en marge d’une manifestation organisée jeudi 20 janvier pour demander la démission de l’administrateur du territoire, Joseph Mimbenga. La journaliste de la Radio communautaire de Bondeko, située dans la province de Tshopo au centre de la République Démocratique du Congo (RDC), était partie couvrir ce rassemblement interdit par les autorités pour des raisons sanitaires. Elle interviewait des manifestants lorsqu’elle a été tirée par les cheveux puis rouée de coups par plusieurs agents. Amenée de force au commissariat de la police nationale congolaise (PNC), elle a été libérée quelques heures plus tard. Son matériel d’enregistrement, ses trois téléphones portables et ses chaussures ne lui ont pas été rendus.
Contacté par RSF, Joseph Bassay, le directeur de cette radio très suivie dans la région, a affirmé que sa reporter avait été frappée “alors qu’elle était à terre, et que sa tenue montrait clairement qu’elle était journaliste”.
“Rien ne peut justifier cette attaque d’une violence inouïe à l’encontre de cette journaliste, qui ne faisait rien d’autre que son travail, déclare le responsable du bureau Afrique de RSF, Arnaud Froger. Nous demandons aux autorités locales de mener une enquête afin d’identifier et de sanctionner les auteurs. Il est temps que le mécanisme national d’alerte dédié à la sécurité des journalistes, demandé par notre organisation depuis plusieurs années, soit mis en place pour faire cesser cette culture de la violence visant les journalistes congolais.”
RSF et son partenaire local en RDC Journaliste en danger (JED) plaident depuis plus de deux ans pour la mise en place d’un mécanisme visant à renforcer la protection et la sécurité des journalistes congolais.
Les violences commises à l’encontre des journalistes sont monnaie courante dans le pays. Lors d’une manifestation organisée par l’opposition congolaise à Kinshasa en septembre dernier, des policiers avaient agressé plusieurs journalistes, dont le correspondant de RFI et directeur du site d’informations Actualités CD, Patient Ligodi. En février 2020, une journaliste pour la radio UB-FM émettant à Goma, Nanou Kazaku, a été touchée par une balle dans le cou alors qu’elle couvrait une manifestation contre une opération d’évacuation par la force de résidents d’un terrain occupé illégalement dans le sud de la ville.
La RDC occupe actuellement la 149e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2021.