14 journalistes sont actuellement arbitrairement détenus par les autorités du Somaliland. Cette vague d'arrestations, inédite ces dernières années, est intervenue alors que plusieurs reporters se sont rendus, à la prison centrale de Hargeisa, où une émeute avait éclaté entre gardes et prisonniers.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 14 avril 2022.
Alors que 14 journalistes sont toujours arbitrairement détenus dans l’État autoproclamé du Somaliland, Reporters sans frontières (RSF) et son partenaire du syndicat national des journalistes somaliens (NUSOJ) dénoncent fermement la répression en cours et appellent à leur libération sans condition.
14 journalistes sont actuellement arbitrairement détenus par les autorités du Somaliland, un État qui s’est autoproclamé indépendant de la Somalie mais qui n’est pas reconnu par la communauté internationale. Cette vague d’arrestations, inédite ces dernières années, est intervenue alors que plusieurs reporters se sont rendus, mercredi 13 avril, à la prison centrale de Hargeisa, la capitale régionale, où une émeute avait éclaté entre gardes et prisonniers.
Une première vague d’arrestations de dix journalistes, dont deux femmes libérées depuis, a d’abord eu lieu dans l’après-midi du 13 avril aux abords de la prison. Dans la soirée, la police s’est également rendue au siège de la chaîne indépendante Horn Cable TV, dans le but d’empêcher toute diffusion d’informations relatives à ces événements. Plusieurs caméras ont été saisies et 7 journalistes de la rédaction ont été arrêtés. En tout, 14 journalistes ont passé la nuit au centre de détention des services secrets de la police centrale d’ Hargeisa. Ils sont encore détenus au moment de la rédaction de ces lignes.
Selon les informations recueillies par le syndicat national des journalistes somaliens (NUSOJ), l’organisation partenaire de RSF en Somalie, ces journalistes travaillent pour MMTV, BBC, SAAB TV, CBA TV, Goodjoog TV, Bulsho TV et HornCable TV.
“Ces journalistes n’ont commis aucune infraction et ne faisaient que leur travail. Ils n’ont absolument rien à faire en prison et doivent être libérés sans condition, déclare le responsable du bureau Afrique de RSF Arnaud Froger. En multipliant les attaques contre les journalistes et les médias depuis plusieurs années, le Somaliland, qui est en quête de reconnaissance, se distingue surtout des autres États somalien par le caractère systématique de sa répression des professionnels de l’information.”
“Il s’agit de la plus grosse vague d’arrestations de journalistes depuis des années dans tout le pays, déplore le Secrétaire général de NUSOJ Omar Faruk Osman. La police a le devoir de les protéger, pas de les priver de leur liberté. Ils doivent être libérés sur le champ.”
Les appels et messages de RSF et de Nusoj au ministre de l’Intérieur du Somaliland Mohamed Kahin Ahmed sont restés sans réponse.
Depuis 2020, RSF demande aux autorités gouvernementales somaliennes d’honorer leur engagement de décréter un moratoire sur les mesures privatives de liberté visant des journalistes pour des délits présumés commis dans l’exercice de leur fonction. Un appel soutenu par le Parlement européen qui, en 2021, a adopté une résolution demandant au Premier ministre somalien de mettre en place au plus vite le moratoire promis.
Le Somaliland est l’état le plus répressif contre les journalistes somaliens. En 2021, parmi les 34 journalistes arbitrairement arrêtés en Somalie, 12 l’ont été au Somaliland selon Nusoj.
La Somalie figure à la 161e place sur 180 pays dans le dernier Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2021.